Visé par la plainte d’une mère de famille qui l’accusait de violences sur son fils, Jean Willot, un enseignant de 57 ans, s’est suicidé il y a deux semaines à Eaubonne, dans le Val d'Oise. L'enquête a révélé que les violences étaient minimes. Mais l'enseignant n'aurait pas supporté être ainsi mis en cause. Dimanche, à Eaubonne, commune où il enseignait, ils étaient nombreux à être venus lui rendre hommage.
"Un homme exceptionnel". Une banderole, trois mots : "plus jamais ça". Des centaines de personnes arborant le même slogans sur un ti-shirt blanc ont ainsi défilé dans les rues de cette ville de 25.000 habitants. De la famille, des amis, des collègues mais aussi beaucoup d'anciens élèves, comme Aline, 18 ans, qui peine à cacher son émotion. "Il était très chaleureux, toujours là pour les élèves, on n'a jamais eu aucun problème. Quand on est petit, en CP, c'est là où on apprend la vie. Et il nous a appris la nôtre", confie-t-elle à Europe 1, entre des sanglots dans la voix. "C'était un homme formidable, exceptionnel. C'est très fort aujourd'hui, c'est pour ça que je suis émue", poursuit-elle.
"Ça peut arriver dans n'importequelle école". Dans la foule se trouvaient des professeurs des quatre coins du départements. Eric, notamment, entouré d'une dizaine collègue, est venu exprimer sa lassitude. "Ça peut arriver dans n'importe quelle école. Il y a des histoires pour des détails, une griffure sur un visage, des parents qui nous accusent de violence douce depuis trois ans. Tout est remis en cause par la plupart des parents", déplore-t-il, exprimant sa "saturation". Cette détresse est d'ailleurs au centre du message délivré par la famille Willot cet après-midi. "Que la mort de Jean serve au moins à faire changer les choses", a répété plusieurs fois son frère Benoit.