Les juges d'instruction chargés de l'enquête sur le crash du vol AZ447 Rio-Paris en 2009 ont ordonné un non-lieu général, à la fois pour Airbus et pour Air France. Cette décision signifie qu'il n'y aura pas de procès sur cette catastrophe aérienne, comme l'attendaient les familles des 228 victimes. "C'est un mépris total pour les familles et pour les victimes", a voulu dénoncer au micro d'Europe 1 Danièle Lamy, la présidente d'Entraide et Solidarité AF447, l'association des familles de victimes.
"Il est extrêmement inquiétant de constater que la justice française est soumise aux lobbies de l'aéronautique", s'agace-t-elle, estimant que les juges ont privilégié les conclusions du rapport de contre-expertise, faisant fi des deux premiers comptes rendus.
"Le problème des sondes Pitot, ce par quoi l'accident est arrivé"
"Nous avons apportés de nouveaux éléments […] qui remettent en cause le rapport de la contre-expertise, qui a pris le pas sur le premier rapport et celui du BEA (Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile, ndlr). Dans ce rapport de contre-expertise, on a éliminé purement et simplement le problème des sondes Pitot, ce par quoi l'accident est arrivé", s'agace Danièle Lamy. Dans une note d'information du BEA publiée en 2011, le gel de ces sondes, qui permettent de connaitre la vitesse de l'appareil par rapport à l'air, est en effet considéré comme le point de départ de la catastrophe. "Ces sondes n'ont pas été retrouvées. Autrement dit, l'arme du crime n'a pas été retrouvée", pointe encore la présidente de l'association des proches de victimes.
En juillet dernier, le parquet de Paris avait requis un non-lieu pour le constructeur Airbus, mais avait demandé qu'Air France soit renvoyé devant la justice pour négligence et imprudence. Ce non-lieu partiel avait déjà été dénoncé par les familles de victime qui espéraient obtenir un procès du constructeur et de la compagnie.
Airbus et Air France déchargés de responsabilité pénale
Dimanche dernier, l'association Entraide et Solidarité AF447 a transmis aux juges d’instruction un document accablant selon elle, puisqu'il montrerait que le constructeur avait connaissance depuis 2004 des faiblesses de ces sondes. À l'inverse, dans leur ordonnance, les juges estiment que la catastrophe a mis en évidence des dangers qui n'avaient pu être perçus avant, et par conséquent que ni Airbus ni Air France ne sont pénalement responsables de ce drame.
"Nous comptons faire appel, nous ne sommes pas décidés à nous laisser faire", indique Danièle Lamy. "C'est une honte pour la sécurité aérienne. Notre association ne demande pas de sanction, mais qu'Air France et Airbus viennent s'expliquer, c'est le minimum pour les familles de victimes", conclut-elle.