Le syndicat étudiant de droite, l'UNI, a publié sur X, il y a quelques jours, une photo montrant une étudiante portant le voile intégral, à l'Université de Lille. Une pratique interdite, tout comme des vidéos relayées récemment par le même syndicat, montrant des étudiants musulmans en train de prier dans des bibliothèques, à l’université de Montpellier et celle d’Aix-Marseille.
Il est néanmoins difficile de savoir si ces incidents se multiplient, ou s’ils sont plus visibles car davantage relayés sur les réseaux sociaux. Aucun chiffre ne permet de le démontrer. Cela reste un phénomène qui inquiète les universités, comme l'a dévoilé Le Figaro.
"On a plus de tenues très ostentatoires"
Car la loi est formelle : sur le campus, le port du voile intégral est interdit, tout comme la pratique de la prière, en dehors des salles dédiées. Le président de l’université de Strasbourg, le prêtre et théologien Michel Deneken, n’a pas été confronté à ce genre d’incidents récemment. Mais il reste sur ses gardes. "On a quand même plus de tenues très ostentatoires qu'avant, notamment des voiles extrêmement prononcées, visibles, voire des vêtements intégraux… Il y a clairement une augmentation de ces tenues", confie-t-il.
Dans son université, parmi les syndicats étudiants récemment élus au CROUS (Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires), une nouvelle organisation a fait son apparition : "Étudiants Musulmans de France" (EMF). A l’échelle du territoire, ce syndicat n’a cependant obtenu qu’un siège, à Strasbourg donc. "En lisant leurs tracts et en allant sur leur site, on a du mal à distinguer le fond de leurs revendications”, indique-t-il. "Ils luttent contre l’islamophobie, mais je lutte aussi à titre personnel contre l’islamophobie ou l’antisémitisme !".
Une présence religieuse "prosélyte" à laquelle les étudiants s’habituent
Pour la chercheuse au CNRS Florence Bergeaud-Blackler, le port du voile intégral, les prières dans les bibliothèques, et l’arrivée de ce syndicat sont liés. Ces actes de démonstration religieuse témoignent d’un prosélytisme qui prend de l’ampleur à la fac, et dont les institutions n’ont pas encore pris la mesure.
"Quand on fait des sondages auprès des jeunes, ils disent qu’on en fait un peu tout un plat, que la laïcité ça va, qu’on a le droit de s’habiller comme on veut…", rapporte l’anthropologue. "En fait, ils se sont complètement habitués à cette présence religieuse qui est une présence prosélyte", explique-t-elle. "Le prosélytisme, c'est quand vous voulez imposer votre univers à quelqu’un qui n’a rien demandé, vous cherchez à l’influencer", résume Florence Bergeaud-Blackler.
Selon elle, l’islamisme connaît un regain d’influence à l’université depuis le 7 octobre dernier. Avec de nombreuses mobilisations pro-palestiniennes qui s’organisent dans des facs, masquant des revendications pro-Hamas.