C'est un seuil "tout à fait important", estime Bertrand Dautzenberg. Dimanche, au 1er mars, s'appliquera une nouvelle hausse des prix des paquets de cigarettes, dont la marque la plus consommée en France, Malboro, franchira le cap symbolique des 10 euros. Un symbole, mais pas seulement, selon le tabacologue et ex-pneumologue de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, qui pointe l'efficacité des politiques d'augmentation des prix en matière de santé publique.
"Augmenter les prix est tout à fait efficace"
"L'expérience qu'on a depuis quelques années montre qu'augmenter les prix d'un euro par an est tout à fait efficace", explique l'expert. "Alors que lors du premier plan cancer, quand Jacques Chirac déclarait la guerre au tabac, on vendait quatre milliards de cigarettes par an, on arrive maintenant en dessous de 40 milliards", pointe-t-il, ajoutant que cette baisse s'accélère : "L'année dernière, on a diminué de plus de 7% les ventes de tabac en France."
Pour Bertrand Dautzenberg, la feuille de route est donc claire : "il faut que le paquet continue d'augmenter d'un euro par an pendant les quatre ou cinq prochaines années, et qu'il fasse 15 euros en 2025". Le médecin balaye l'argument consistant à dire que ces hausses pénalisent principalement les Français les moins aisés, plus grands consommateurs de tabac. "Les plus précaires fumaient plus que les plus riches, c'est vrai. Mais depuis trois ans, il y a un effondrement du tabagisme chez les plus précaires qui est plus important que celui des plus favorisés. La différence entre les deux diminue", assure-t-il.
Le tabac à rouler aussi à la hausse
Le spécialiste cible aussi les fumeurs qui se sont rabattus sur le tabac à rouler, "moins cher et plus toxique". "Le paquet de 30 grammes de tabac à rouler va augmenter, et va progressivement rattraper le prix des cigarettes ordinaires", indique-t-il, rappelant la "gratuité complète du traitement d'arrêt du tabac".