L'évènement est qualifié d'historique par l'état major de l'avionneur. Lundi, le premier exemplaire du nouveau long-courrier d'Airbus, l'A350-900, devait être livré à Qatar Airways à la mi-journée à Toulouse. La compagnie qatarie, propriété du richissime émirat pétrolier, en a ainsi commandé 80 au total. Des débuts encourageants pour le nouveau né d'Airbus, mais qu'il faudra confirmer sur le long terme. Car l'avionneur a investi entre 10 et 12 milliards d'euros pour ce nouvel appareil, le premier mis en service depuis l'A380, en octobre 2007. Pour Airbus, le lancement de l'A350 est bel et bien un enjeu stratégique majeur.
Un marché lucratif. La mise en service de ce nouveau biréacteur est cruciale pour Airbus. L'avionneur entend en effet conforter sa présence sur le marché lucratif des long-courriers de moyenne capacité (250 à 400 sièges). Car Airbus estime que dans les vingt prochaines années, la demande pour ces appareils s'élèvera à 7.800 avions. Dans les Echos, le PDG du groupe, Fabrice Brégier, a estimé que "cela représente un marché de mille milliards de dollars." Et les ambitions du patron d'Airbus sont claires : "Nous avons lancé l'A350 pour prendre la moitié d'un marché de mille milliards de dollars, au moins". Un pactole qu'il faudra tenter de ravir à Boeing, le rival américain.
Jour historique pour Airbus qui va livrer son premier A350 :
Rattraper le retard. Mais Airbus part avec une longueur de retard dans le segment des avions long-courriers nouvelle génération. Boeing, de son côté, a déjà mis en vente son 787, à la fin 2011. Les B777 et 787 Dreamliner du rival américain sont majoritaires face à l'A330, biréacteur entré en service il y a vingt ans dont la version remotorisée a été lancée en juillet. En tout, Boeing a déjà accumulé 1.055 commandes pour son Dreamliner. De son côté, Airbus a déjà enregistré 780 commandes. L'A350 est donc déjà un succès commercial. Airbus a même réussi à conquérir des marchés qui étaient chasse gardée de Boeing, comme le Japon. Mais l'Américain reste toujours en tête.
Oublier les déboires de l'A380. Du côté de l'avionneur européen, on certifie que l'A350 est "bien-né". On assure même que l'avion consommera 8% de carburant de moins par siège que le 787, et 25% de moins que le 777, grâce à un recours massif à des matériaux composites. Car Airbus espère bien attirer les compagnies aériennes, après avoir connu de gros déboires avec son précédent programme, l'A380. Le plus gros avion de ligne au monde avait ainsi coûté plus de "deux milliards d'euros de coûts supplémentaires pour deux années de retard", rappelle le Monde. L'A350, lui, n'a pas connu pareille mésaventure. C'est déjà une première victoire pour Airbus.