Le Premier ministre monte au créneau pour défendre sa réforme de l’assurance-chômage. Dimanche, Gabriel Attal a rappelé les nouvelles règles qui vont s’appliquer à compter du 1er décembre. Les conditions d’affiliations et la durée d’indemnisation maximale seront durcies : il faudra effectivement avoir travaillé huit mois sur les 20 derniers pour activer ses droits, et les personnes privées d’emploi ne pourront être indemnisées que 15 mois maximum. Et si le chômage baisse encore, un nouveau coup de rabot est déjà prévu.
Cette réforme est en quelque sorte le carburant pour créer toujours plus d’emplois dans le pays, clame Gabriel Attal, qui vise toujours le plein-emploi en 2027. En revanche, le Premier ministre l’affirme : ce n’est pas une réforme budgétaire. Malgré tout, elle pourrait rapporter beaucoup d'argent.
Jusqu'à près de sept milliards d'euros d'économies
Selon l'Unedic, ce serait 3,6 milliards d'euros d'économies par an, et même près de sept milliards d’euros si le chômage baisse assez pour déclencher un nouveau tour de vis sur les conditions d’indemnisation. Les finances publiques sont dans le rouge, et le gouvernement doit faire des économies colossales pour tenir son objectif de réduction du déficit.
Même si le Premier ministre s’en défend, l’économiste Mathieu Plane estime que cette réforme est liée à l’urgence budgétaire. "La motivation budgétaire est forcément importante, on ne peut pas isoler cette réforme de l’ambition du rétablissement des finances publiques de plusieurs dizaines de milliards d’économies. La réforme de l’assurance-chômage fait partie du panel de la réduction du déficit", expose-t-il à Europe 1.
Le gouvernement contraint d’annoncer une réforme qui braque près de la moitié des Français
Alors, pourquoi éluder l’aspect budgétaire de la réforme ? Tout simplement pour des raisons politiques, selon Mathieu Plane. "Ce qui est difficile à assumer, c’est que s’il y a des économies, ça veut dire qu’il y a des gens qui seront moins bien indemnisés", affirme-t-il. "Si cette réforme ne permet pas une forte réduction du chômage, le risque est de faire des économies sur des personnes dans des situations sociales pas très favorables", poursuit l'économiste.
En réalité, le gouvernement se trouve dans un étau. À l'approche des élections européennes, il est contraint d’annoncer une réforme qui braque près de la moitié des Français, notamment à gauche. Mais, il doit aussi rassurer l’agence Standard and Poor's, qui rend son verdict vendredi. Une dégradation de la note française serait du plus mauvais effet, à quelques jours du scrutin.