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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

L’Europe a décidé de moins protéger les loups. Une majorité de pays s’est déclaré favorable à un statut un peu moins protecteur, hier, à Bruxelles.

Commençons par une histoire, qui montre que parfois, les basculements politiques sur des sujets sensibles tiennent à peu de chose. Et dieu sait que le sujet des loups est sensible. Savez-vous qui est Dolly ? Dolly est, ou plutôt était, un poney. Celui d’Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Une nuit de septembre 2022, Dolly, 30 ans, a été tuée par un loup en Basse-Saxe. Depuis, les loups européens ne dorment plus tranquilles.

Parce qu’Ursula Von der Leyen en a fait une affaire personnelle ?

Exactement. C’est comme ça qu’on a défini dans les milieux diplomatiques bruxellois la croisade qu’elle a menée pour la régulation des loups – avec des arguments d’assez mauvaise foi, type “ ils vont s’en prendre aux humains”. Assurément pas un sujet central dans une Europe qui a d’autres carnivores à fouetter, mais Ursula Von der Leyen y a mis une énergie folle. Son but : que le statut de protection du loup soit réduit de « strictement protégé » à « protégé ». C’est sur ce point que les Etats européens se sont accordés hier. La France a voté pour, l’Allemagne aussi.

Qu’est ce que cela change ?

Pour l’instant, rien. Il faut que la décision soit  approuvée par la Convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage, avant une éventuelle modification de la législation européenne. Mais si c’est le cas, cela permettrait de prélever plus facilement les animaux qui menacent le bétail, ce qui est le cas quand ils deviennent trop nombreux.

Et c’est le cas ? Les loups sont trop nombreux ?

Question de point de vue. Les comptages ne sont pas très précis. La population de loups, presque éradiquée au XIXe s croit rapidement dans l’UE. L’an passé, il y avait environ 20 300 individus dans 23 pays.  Ce qui est sûr, c’est qu’ils font beaucoup de dégâts dans les élevages, les indemnisations augmentent. Même la ministre allemande de l’environnement Steffi Lemke, Verte, est favorable à une régulation « nécessaire pour les éleveurs tant la population de loups s’est développée ces dernières années.  En France, il y aurant un gros millier de loups, les équipes de louveterie en tuent 20% chaque année, à la demande des autorités. Pas suffisant pour les éleveurs.

Evidemment, c’est sujet à polémique.

Oui, les écologistes, les associations de défense des animaux estiment que les éleveurs n’ont qu’à vivre avec, mettre des clôtures autour des troupeaux, ce qui ne sert à rien, acheter des chiens ou organiser des tours de garde. Ils ont surtout peur que le précédent du loup s’étende aux lynx et aux ours...  Ce qui n’est pas à l’ordre du jour, parce que les populations n’ont pas du tout la même ampleur... Tant qu’ils se tiennent loin des poneys d’Ursula von der Leyen, l’Europe leur fichera la paix.