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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

On suit ça presque comme une naissance. Hier, l’EPR de Flamanville a “divergé”. Il a commencé à produire de l’électricité.

Le combustible avait été chargé début juillet, on en avait parlé ici. Ca y est, il y a une réaction nucléaire stable au cœur du réacteur de l’EPR de Flamanville, elle est encore de  faible puissance. Après quelques tests et quand le réacteur atteindra 25% de sa capacité, à la fin de l’automne, il sera connecté au réseau national. Et à la fin de l’année, il fonctionnera à pleine puissance. Hip hip hip....

On peut voir le verre à moitié plein.

Oui : Cela fait 25 ans qu’on n’avait pas mis un réacteur nucléaire en service en France, le dernier, c’était à Civeaux, dans la Vienne. L'EPR a vu le jour en dépit des difficultés, de l’opposition d’une partie de la classe politique, des mensonges de Greenpeace, qui ont fait tant de mal à la politique énergétique allemande qui a tourné le dos au nucléaire, en soit, c’est un exploit. L'EPR de Flamanville est là pour 60 à 80 ans à produire une électricité pilotable, stable, fiable et surtout décarbonée.

C’est pas trop tôt, après 12 ans de retard, et 10 milliards de surcouts. Ce n’est effectivement pas ce qu’on a fait de plus efficace.

Mais maintenant que Flamanville marche, on peut espérer que ça va redonner du peps a la filière, qui a su tirer des leçons des difficultés de réalisation et qui a beaucoup appris. Les prochains réacteurs devraient être plus facile et moins chers à construire, parce qu’on a le savoir faire, les compétences, le retour d’expérience. Ca tombe bien, l’hypothèse qui est maintenant sur la table est que la France construise 14 EPR supplémentaires.

L’EPR peut se vendre hors de nos frontières aussi ?

Là, le verre n’est plus aussi plein. Hormis ceux qui sont déjà en fonction, deux en Chine, un en Finlande, et qui donnent satisfaction, et celui qui est en construction à Hinkley Point, au Royaume Uni, c’est quand même compliqué. Même en Europe. La Pologne, la République tchèque ont choisi respectivement des technologies américaine ( celle de Westinghuse) et coréenne ( celle de KHNP).

Le verre à moitié vide de Flamanville, il est là.

Pendant qu’EDF mettait au monde sa technologie de nucléaire de troisième génération dans la douleur et sans péridurale les autres acteurs du nucléaire avançaient, et vite...

La Corée est offensive. Elle capitalise sur un réacteur-vitrine aux Emirats Arabe Unis. Et que dire de la Chine?  Pékin a approuvé  il y a deux semaines un plan de construction de onze nouveaux réacteurs répartis sur cinq sites. Un investissement estimé à 31 milliards de dollars, soit moins de trois milliards par réacteur. Alors, oui, on peut aussi s’interroger sur les conditions de travail des ouvriers, les normes de sûreté avec ce coûts mini et ces délais fulgurants. Mais ce genre de stratégie  a déjà laminé nos industries de panneaux solaires et des éoliennes.