C'était un petit coup de théâtre en direct de Bruxelles. Ce jeudi 14 décembre, Charles Michel, président du Conseil européen, a annoncé l'ouverture des négociations d'adhésion de l'Ukraine à l'Union européenne. Une "victoire pour l'Ukraine et pour toute l'Europe", s'est félicité le président ukrainien Volodymyr Zelensky et une "réponse logique, juste et nécessaire", a jugé son homologue français Emmanuel Macron. Mais ce processus était menacé par un seul homme : Viktor Orban, le Premier ministre de la Hongrie, qui brandissait la menace d'un veto… Qu'il n'a finalement pas déclenché.
La menace d'un futur veto ?
Le chef d'État n'était d'ailleurs même pas dans la salle jeudi soir lors du vote sur l'ouverture des négociations d'adhésion, synonyme d'une abstention. Mais avant de faire cette concession aux autres pays européens, Viktor Orban a obtenu des garanties. Une source diplomatique à Europe 1 a déclaré que le processus d'adhésion allait être lancé en deux temps. D'abord, la décision politique qui a été annoncée aujourd'hui, c'est-à-dire, un signal fort envoyé par les Vingt-Sept à l'Ukraine. Par la suite, il s'agira de l'ouverture concrète des négociations sur le plan technique, qui devraient se dérouler en mars prochain.
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Mais pour passer cette étape, un vote à l'unanimité des États membres est primordial. Ainsi, le Premier ministre hongrois disposera d'un nouveau droit de veto pour enrayer le processus d'adhésion de l'Ukraine. Cela signifie également que Viktor Orban aura un nouveau moyen de pression qu'il devrait utiliser pour récupérer une vingtaine de milliards d'euros de fonds européens, après en avoir obtenu 10 par l'intermédiaire de la Commission européenne ce mercredi. Pour rappel, ces 30 milliards d'euros avaient été gelés par Bruxelles pour des manquements à l'État de droit.
Par ailleurs, Viktor Orban est resté inflexible sur le volet financier du soutien à l'Ukraine. Il refuse que les Vingt-Sept signent un chèque de 50 milliards d'euros sur quatre ans en faveur de Kiev, une mesure pourtant décisive pour maintenir l'effort de guerre face à la Russie. Sur ce point, Viktor Orban a mis son veto. Le sujet reviendra sur la table dans deux semaines lors d'un nouveau sommet européen début janvier.