Après le JDD, c’est au tour de Libération de faire de nouvelles révélations gênantes pour Muriel Pénicaud, l’actuelle ministre du Travail, dans "l’affaire Business France". Alors que l’ancienne directrice de l’agence publique a assuré mercredi dernier qu’elle avait "alerté" des dysfonctionnements dans l’organisation de la soirée à Las Vegas pour la venue d’Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie en janvier 2016, Libération révèle un nouveau document embarrassant pour la ministre.
Une information donnée presque un an après... Qu’est-ce qui pose problème dans cette affaire ? L’organisme public Business France se serait affranchi des règles en vigueur en confiant à Havas les prestations relatives à cet événement, sans passer par la procédure normale d’appel d’offres. Business France est visée par une enquête pour violation présumée des règles de mise en concurrence.
Elle aurait "minoré les dysfonctionnements pointés par un audit alarmant". "J’ai immédiatement déclenché un audit interne et externe" et "j’ai alerté le conseil d’administration", s’est défendue Muriel Pénicaud mercredi dernier après les premières révélations. Sauf que, selon Libération, la réalité est tout autre. Selon le quotidien, celle qui est chargée de mettre en place la réforme du Code du travail n’aurait pas vraiment fait preuve de transparence. D’abord, elle n’a prévenu le conseil d’administration qu’en décembre 2016, soit presque un an après la réunion de Las Vegas. Mais surtout, Muriel Pénicaud aurait "minoré les dysfonctionnements pointés par un audit alarmant du cabinet EY (ex-Ernst&Young), qu’elle avait elle-même commandé en mars 2016", écrit le quotidien.
Au lieu de communiquer le rapport d’une soixantaine de pages, Muriel Pénicaud se serait bornée à évoquer d’éventuelles irrégularités en quelques lignes seulement. Dans ce document qui minore les irrégularités, on peut notamment lire que "Business France a immédiatement lancé une mise en concurrence" et que les "relations contractuelles" s’étaient "nouées de bonne foi". Dimanche, le JDD révélait déjà que Muriel Pénicaud avait été "briefée" en amont de difficultés d'ordre comptable que soulevait l'organisation d'une soirée en 2016 à Las Vegas autour d'Emmanuel Macron, sur laquelle la justice enquête.
Castaner rappelle la règle mais botte encore en touche. "D’un côté, on a la réforme du code du Travail et de l’autre, on a un dépassement du seuil d’un marché public. Je pense qu’il faut mettre les choses à leur juste niveau", a réagi le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner, mardi sur Europe 1. Après avoir demandé à la presse la semaine dernière de "ne pas chercher à affaiblir" la ministre du Travail, le porte-parole a cherché à minimiser l’affaire qui concerne "juste le dépassement d'un seuil de marché public pour une manifestation internationale", selon ses mots. "La liberté de la presse est majeure et fondamentale, mais le fait est qu’il faut arrêter de faire du tir aux pigeons et de penser que c'est le sport national", a-t-il conclu, non sans rappeler au préalable que "tout ministre mis en examen devrait démissionner".
Retrouvez cette séquence ci-dessous en vidéo :
Muriel Pénicaud : @CCastaner rappelle la règle sur les ministres mis en examen #E1Matinpic.twitter.com/eO34WHs7WP
— Europe 1 (@Europe1) July 4, 2017