Depuis lundi matin, les chaînes de télévision en continu n'ont qu'une poignée d'images de lui sortant sur le perron du palais présidentiel à montrer en boucle. Preuve qu'Alexis Kohler, secrétaire général de l'Élysée, occupe sa fonction fort discrètement. Loin d'un Dominique de Villepin, d'un Claude Guéant ou d'un Jean-Pierre Jouyet, l'énarque de 45 ans qui est aux côtés d'Emmanuel Macron depuis 2014 et son arrivée à Bercy s'est tenu à l'écart des médias pendant la première année du quinquennat. Le voilà maintenant rattrapé par des soupçons de conflit d'intérêts, alors que le parquet national financier a annoncé lundi avoir ouvert une enquête sur ses liens avec l'armateur italo-suisse MSC.
Un CV de premier de cordée. À 45 ans, Alexis Kohler affiche un CV impressionnant. Diplômé de Sciences Po, de l'Essec et de l'ENA, l'Alsacien a fait toute sa carrière dans les arcanes de Bercy. Au Trésor d'abord, puis à l'Agence des participations de l'État, avant d'intégrer le cabinet de Pierre Moscovici en 2012. Aujourd'hui, l'ancien ministre de l'Économie se souvient d'un "haut fonctionnaire d'une très grande qualité, d'une extraordinaire précision quand on lui confie un dossier", capable de faire preuve de "beaucoup de sang-froid". Débarqué en même temps que celui qui est depuis devenu commissaire européen, début 2014, Alexis Kohler est rappelé au troisième étage de Bercy fin août, lorsqu'Emmanuel Macron succède à Arnaud Montebourg et cherche un "dircab". "Il ne voulait que lui", confiait l'un des proches du président il y a un an, dans les colonnes du Figaro.
Aux côtés de Macron. Les deux hommes ne se sont, depuis, quasiment pas quittés. Même lorsque leurs routes se séparent, Emmanuel Macron se lançant dans la course à l'Élysée et Alexis Kohler préférant partir à la direction financière de MSC, la société avec laquelle il est aujourd'hui soupçonné de conflits d'intérêts, ils restent en contact étroit. Le directeur de cabinet consciencieux, salué tant pour ses capacités intellectuelles que pour son caractère que l'on dit affable, est dans toutes les boucles de mail et de messagerie. Et il y a un an, ceux qui connaissaient les deux hommes et leur relation n'ont pas été surpris de la nomination d'Alexis Kohler au secrétariat général de l'Élysée.
Tout passe par "Alexis". À ce poste clef, l'énarque fait partie de la garde très rapprochée du président, auquel il laisse la lumière médiatique pour préférer son bureau, au premier étage de l'Élysée. Alexis Kohler enchaîne les réunions, les points stratégiques, les meetings et les briefings. Sait tout, voit tout. "Pas un document n'est transmis au président sans être passé par Alexis", précise le Palais dans les colonnes du Figaro Magazine. Qui révèle d'ailleurs que ce rythme harassant a fini par atteindre le secrétaire général, pourtant réputé infatigable.
"Conduite respectueuse". Aujourd'hui, Alexis Kohler se retrouve sous les feux des projecteurs à son corps défendant. Fidèle à sa réputation, il n'a pourtant fait aucun commentaire public après l'ouverture de l'enquête le visant. Sa hiérarchie l'a fait pour lui. "C'est bien volontiers qu'Alexis Kohler communiquera au parquet l'ensemble des documents prouvant sa conduite respectueuse du droit dans toutes les circonstances de son parcours professionnel et mettra ainsi un terme à bref délai aux soupçons totalement infondés jetés sur lui à l'évidence en raison de ses fonctions de secrétaire général de l'Élysée", a écrit la présidence dans un communiqué.