Allain Bougrain-Dubourg raconte les coulisses de la démission de son ami Nicolas Hulot

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Anaïs Huet , modifié à
Confident de longue date de Nicolas Hulot, Allain Bougrain-Dubourg a eu le ministre démissionnaire au téléphone lundi soir, à sa sortie de la réunion avec les chasseurs. Au micro de Wendy Bouchard mercredi, il fait état de la détresse dans laquelle se trouvait son ami.
TÉMOIGNAGE

Usé, déçu. C'est dans cet état psychologique que Nicolas Hulot a décidé de démissionner de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire, mardi. La veille, s'était tenue à l'Elysée une réunion entre Emmanuel Macron, son ministère et les chasseurs. À la sortie du Palais, Nicolas Hulot est dépité, et s'en ouvre au téléphone auprès d'Allain Bougrain-Dubourg, son ami et président de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Il a raconté la teneur de cette conversation à Wendy Bouchard, mercredi matin sur Europe 1.

"Il touchait le fond". Au cours de la réunion lundi soir, le président de la République a acté la division par deux du coût du permis de chasse, de 400 à 200 euros, mais aussi les modalités de la nouvelle gestion des espèces chassables. La parole de Nicolas Hulot n'a visiblement pas eu de poids sur ces décisions. "Cet entretien pathétique avec les chasseurs l'a beaucoup affecté, car là, il touchait le fond. Il était révolté, mais il voulait prendre du recul pour faire un choix. Il me l'a dit clairement. Mais il ne savait pas lequel. Il a décidé le lendemain matin", rapporte Allain Bougrain-Dubourg.

>> De 9h à 11h, c’est le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l'émission ici

L'échec de trop. À l'antenne de France Inter, à 8h20 mardi, Nicolas Hulot fait son annonce, tonitruante, et s'explique. "C'est probablement un élément qui a achevé de me convaincre (…) : on avait une réunion sur la chasse avec une réforme qui peut être importante pour les chasseurs mais surtout pour la biodiversité. Mais j'ai découvert la présence d'un lobbyiste qui n'était pas invité à cette réunion et c'est symptomatique de la présence des lobbys dans les cercles du pouvoir." Ce lobbyiste dont parle le ministre n'est autre que Thierry Coste, conseiller politique de la Fédération nationale des chasseurs et proche du président. Pour Allain Bougrain-Dubourg, cet élément a été "la goutte d'eau" pour Nicolas Hulot.

Entendu sur europe1 :
Il avait une ambition d'avenir. Mais il lui fallait gérer le quotidien, et le quotidien, c'était l'enfer

Des mois "extrêmement pesants". Vingt-quatre heures après la démission de son ami, le président de la LPO a, comme la plupart des militants écologistes, un sentiment de gâchis. "D'un côté, Emmanuel Macron et le Premier ministre ont beaucoup de respect, voire d'affection, pour Nicolas Hulot. Et de l'autre, ils ne le suivent pas dans ses propositions", déplore-t-il. Pour lui, nul doute que l'engagement écologique du ministre était pourtant intact. "Quand on l'a rencontré au moment de sa nomination avec toutes les associations de protection de la nature, il avait une ambition d'avenir. Il voulait cranter pour le lendemain, c'est ce qui l'importait. Mais il lui fallait aussi gérer le quotidien, et le quotidien, c'était l'enfer. Ça devait être extrêmement pesant. Il espérait qu'on lui donne davantage de crédit", rapporte Allain Bougrain-Dubourg.

Les 5 couleuvres que Nicolas Hulot a dû avaler

Hulot victime d'un défaut "d'autorité politique". Ce manque de considération était alimenté par l'absence de poigne de Nicolas Hulot, à en croire son confident. "Avec toute l'affection que je lui porte, je pense qu'en tant que numéro deux du gouvernement, il était en capacité à taper sur la table de temps à autre. Peut-être n'avait-il pas assez confiance en lui, et pas assez d'autorité politique dans la gouvernance", avance-t-il. D'autant que le souvenir de sa prédécesseure au ministère a marqué les mémoires. "Quand vous voyez par analogie Ségolène Royal qui, en fonction de ses états d'âme, était capable de claquer des doigts et tout le monde était au garde à vous, ça changeait un peu la mise", glisse-t-il. "Nicolas était beaucoup plus en retrait, beaucoup mieux élevé."

SONDAGE - Sur notre page Facebook, nous vous avons demandé si Nicolas Hulot avait bien fait de démissionner de son poste de ministre de la Transition écologique et solidaire mardi. À 10 heures, vous étiez plus de 8.000 à voter, et 85% à estimer que la décision prise par l'ancien animateur d'Ushuaïa Nature était la bonne.

Vous pouvez répondre à ce sondage jusqu'à 13h30 sur la page Facebook d'Europe 1.