Absence de débat interne, dérive populiste, sectarisme… Voilà comment un élu influent de La France insoumise juge la gouvernance de Jean-Luc Mélenchon depuis quelques temps. "La ligne politique du mouvement, je ne sais pas où elle est décidée ni votée" ajoute l'élu, un mois après l'épisode des perquisitions au siège de LFI et au domicile parisien du député de Marseille.
"Viré ou traité de social-traître". Ces critiques sont récentes et ils sont encore très rares à oser tenir un tel discours devant les micros. "J'ai essayé d'alerter sur la question de l'Europe, des migrants. Ça n'a pas plu", constate Sarah Soualihi, ancienne porte-parole nationale des Insoumis qui vient de rejoindre Génération.s, le mouvement de Benoît Hamon. "À partir du moment où on n'est pas d'accord, on est soit viré proprement, ou pas, soit accusé d'être un ou une social-traître."
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Le "déni de réalité" après les perquisitions. "Ce départ, c'est une grosse perte", juge une élue insoumise, mais il n'est pas suffisant pour faire réagir en interne, selon elle. Car dans le logiciel de Jean-Luc Mélenchon, le parti se renforce en s'épurant, décrypte-t-elle. Pareil pour l'épisode post-perquisitions : "Ça se transforme en déni de réalité", juge l'élue. Et il y a urgence, selon elle, car il y a aujourd'hui une sidération et un désespoir chez les militants insoumis. Traduction dans les sondages : d'après le dernier baromètre Elabe pour Les Échos, le leader des Insoumis chute de 9 points, à 53%, chez les sympathisants de gauche, et de 4 points, à 21%, chez l'ensemble des sondés.
"Gilets jaunes" et nouveau média. Pour tenter de reprendre la main, La France insoumise veut notamment surfer sur la colère exprimée par les "gilets jaunes", dont elle épouse une partie des revendications. Tout en allant chercher des relais politiques en banlieue avec les premières Rencontres nationales des quartiers populaires, organisées dimanche dernier. Enfin, au travers de son nouveau média, Canal FI, La France insoumise dispose depuis mardi d'une chaîne officielle pour contourner les supports et les journalistes traditionnels, critiqués comme jamais par Jean-Luc Mélenchon depuis plusieurs semaines.