L'écrivain Philippe Besson sera le prochain consul général de France à Los Angeles. C'est Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, qui a confirmé une information du Monde jeudi. Une nomination qui émane directement de l'exécutif, puisque celui-ci a désormais le pouvoir de désigner, après validation en Conseil des ministres, 22 consuls généraux. Mais qui pourrait être mal vécue par certains diplomates, ces derniers étant habituellement les premiers à pouvoir occuper ce genre de postes.
Quel est le rôle d'un consul de France ?
Contrairement à l'ambassadeur, qui assure principalement un rôle de représentation de la France à l'étranger, le consul agit au niveau des Français vivant dans un autre pays. Son rôle est d'abord de proposer divers services administratifs, comme l'explique le site du ministère des Affaires Etrangères. "Il tient les registres d'état civil, délivre passeports et pièces d'identité, et dresse des procurations de vote. Il supervise également l'organisation des scrutins nationaux auxquels peuvent prendre part les Français inscrits sur la liste électorale consulaire."
Un consul a également un rôle de protection de ses concitoyens. Il est donc particulièrement actif en temps de crise. La disparition au Japon, fin juillet, de Tiphaine Véron, une ressortissante française, a entraîné un déplacement du consul à Nikko, la ville proche du lieu où elle a été vue pour la dernière fois. Emprisonnée au Mexique pour enlèvement, Florence Cassez avait elle aussi reçu, pendant son procès, la visite du consul général de Mexico.
Pourquoi la nomination de Philippe Besson fait-elle polémique ?
Jusqu'à récemment, les postes de consuls généraux étaient réservés aux diplomates et dépendaient du Quai d'Orsay. Mais un décret, présenté le 3 août dernier, a permis de modifier les règles de nomination de certains "emplois supérieurs", dont ceux de 22 consuls généraux. Le gouvernement est désormais libre de nommer qui il veut. "Ça vise à reprendre la main sur des postes honorifiques pour recaser des amis du pouvoir", peste un haut fonctionnaire dans Le Monde. Un avis encouragé par le fait que Philippe Besson est proche d'Emmanuel Macron : il a été l'une des rares personnalités autorisées à suivre toute sa campagne présidentielle de l'intérieur et en a tiré un livre très élogieux, Un personnage de roman (éd. Julliard).
Du côté du gouvernement, on se défend de toute récompense à un écrivain fidèle pour vanter l'ouverture. "Il n'y a pas de copinage chez moi", a assuré Emmanuel Macron. "Je me réjouis qu'on sorte un peu uniquement des profils qui ont fait le Quai d'Orsay et l'ENA, et qu'on ait des profils différents venus de la société civile, du monde de la culture, du monde des arts, du monde de l'entreprise", s'est félicité Benjamin Griveaux sur France 2.
Est-ce un cas isolé ?
Le porte-parole du gouvernement a également souligné que la nomination de Philippe Besson était loin d'être une première. "Jean-Christophe Rufin, grand écrivain, avait été nommé ambassadeur et pas consul, Olivier Poivre d'Arvor [écrivain puis directeur de France Culture] est ambassadeur, Daniel Rondeau [écrivain et journaliste] est ambassadeur, il y a une tradition française", a défendu Benjamin Griveaux. Il est même possible de remonter bien plus loin avec Chateaubriand, nommé par Napoléon Bonaparte ambassadeur à Rome, ou Stendhal, qui fut consul à Trieste. "Dans le nouveau monde, Emmanuel Macron se donne le droit de garder les codes de l'ancien", conclut l'éditorialiste d'Europe 1 Michaël Darmon.