«Déni démocratique», «gouvernement Macron/Le Pen»... Les réactions à la nomination de Michel Barnier à Matignon

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Romain Rouillard avec AFP / Crédit photo : AFP , modifié à
Le choix de nommer Michel Barnier au poste de Premier ministre fait grandement réagir dans les rangs de la gauche. Certains y voient un "déni démocratique", quand d'autres dénoncent une "coalition de fait entre Le Pen et Macron". Les responsables du RN indiquent, de leur côté, que la censure dépendra du discours de politique générale.

Le suspense a pris fin ce jeudi à la mi-journée. Après avoir multiplié les consultations pendant de longues semaines, Emmanuel Macron a choisi Michel Barnier pour le poste de Premier ministre. L'ancien commissaire européen, âgé de 73 ans, doit désormais constituer un gouvernement capable d'échapper à la censure. Chevronné de la politique, quatre fois ministre, libéral et modéré, son profil fait bondir l'opposition de gauche. 

Notamment Jean-Luc Mélenchon selon qui "l'élection a été volée aux Français". Le leader de la France insoumise ne digère pas ce choix au regard du résultat des dernières législatives où le Nouveau Front populaire est arrivé en tête. Découvrant "un Premier ministre qui est nommé avec la permission et peut-être sur la suggestion du Rassemblement national", Jean-Luc Mélenchon appelle dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux "à la mobilisation la plus puissante que possible" samedi.

Le PS votera la censure

Le député de la Somme François Ruffin brocarde de son côté un "politicien professionnel, casé et recasé au gré du vent, commissaire européen, rémunéré pour ouvrir à la concurrence et délocaliser" et estime que cette nomination est "la certitude que rien ne changera". 

La cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, a accusé le chef de l'État de ne pas respecter avec cette nomination la "souveraineté populaire" et le "choix issu des urnes". "On sait à la fin qui décide : elle s'appelle Marine Le Pen. C'est à elle que Macron a décidé de se soumettre", s'étouffe de son côté la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier. La France insoumise a annoncé qu'elle voterait une motion de censure. 

Même désarroi du côté d'Olivier Faure, le patron du PS, qui dénonce un "déni démocratique porté à son apogée" et fustige la nomination d'un "Premier ministre issu du parti qui est arrivé en 4e position et qui n'a même pas participé au front républicain".

Sur X, Patrick Kanner, chef des sénateurs PS, ne cache pas son scepticisme : "M. le Premier ministre, allez-vous abroger la réforme des retraites ? Instaurer un ISF climatique ? Renforcer nos services publics ? Probablement pas. Un président de droite nomme un premier ministre de droite", écrit-il. Aux alentours de 15h, le parti socialiste a également confirmé qu'il voterait la censure contre Michel Barnier, tout comme les Écologistes.

Le RN "jugera sur pièces" le discours de politique générale

Au Rassemblement national, le choix de censurer Michel Barnier dépendra du "discours de politique générale" que prononcera l'intéressé et que le parti à la flamme "jugera sur pièces". "Nous plaiderons pour que les urgences majeures des Français, le pouvoir d'achat, la sécurité, l'immigration, soient enfin traitées, et nous nous réservons tout moyen politique d'action si ce n'était pas le cas dans les prochaines semaines", a écrit Jordan Bardella sur X.

Une position qui a déclenché l'ire de la gauche et notamment de Manon Aubry qui y voit une "officialisation de la coalition de fait entre Le Pen et Macron pour nommer Michel Barnier". Une accusation reprise par Manuel Bompard, le coordinateur de LFI qui dénonce un "gouvernement Macron/Le Pen". François Hollande aussi estime que le RN a "donné une forme de quitus" à la nomination de Michel Barnier à Matignon. "Je crois qu'il aura devant l'Assemblée à s'en expliquer", a-t-il ajouté.

Dans les rangs de Renaissance, on assure que le mouvement ne votera pas de "censure automatique", mais ne délivrera pas non plus de "chèque en blanc". "Le Parti socialiste n'ayant jamais voulu soutenir la candidature de Bernard Cazeneuve", Emmanuel Macron "fait donc le choix d'un Premier ministre de droite", accuse par ailleurs Renaissance.

Édouard Philippe se dit "prêt à aider" Michel Barnier

Ancien macroniste, désormais député au sein des non-inscrits, Sacha Houlié, jadis membre de l'aile gauche du parti présidentiel, ne comprend pas le choix d'un Premier ministre issu de LR. "Ce parti a perdu les européennes, perdu les législatives, reculé en sièges et sauvé beaucoup de députés à la seule faveur du front républicain", dit-il.

Édouard Philippe, qui a officialisé mardi sa candidature à la présidentielle de 2027, se veut plus clément et adresse ses "félicitations chaleureuses" à Michel Barnier et se dit "prêt à l'aider". 

Chez Les Républicains, on ne tarit pas d'éloges à l'égard du nouveau Premier ministre. Laurent Wauquiez salue "un homme d'une grande qualité qui a tous les atouts pour réussir dans cette difficile mission qui lui est confiée" tandis qu'Olivier Marleix, l'ex-patron des députés LR à l'Assemblée parle d'un "homme d'État, respectueux de tous".