Le contraste est frappant quand il est question de droits de l'homme. Il y a à peine cinq jours, Emmanuel Macron avait mis les pieds dans le plat face à la presse et au président turc Recep Tayyip Erdogan, répétant que toutes les opinions devaient s'exprimer. Lors de sa visite officielle en Chine, son ton s'est fait beaucoup plus feutré. Au dernier jour de sa visite, le président a en effet expliqué ne pas vouloir donner de leçons aux autorités de Pékin. "Il y a des différences entre nous qui sont liées à notre histoire, à nos philosophies profondes, à la nature de nos sociétés", a expliqué Emmanuel Macron mardi soir, lors de la déclaration commune aux côtés de son homologue chinois Xi Jinping. "Je peux me faire plaisir en donnant des leçons à la Chine en parlant à la presse française. Ça s'est beaucoup fait, ça n'a aucun résultat", a-t-il assuré, ajoutant préférer "œuvrer dans un dialogue intime que nous avons ensemble et en respect car je pense aussi que c'est plus efficace".
Les artistes et militants oubliés ? Le président français ne prononcera donc pas les noms de ces artistes chinois ou militants emprisonnés en Chine pour avoir voulu exercer leur droit au libre arbitre, à la liberté d'expression, comme le souhaitaient certaines associations. L'association de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) avait ainsi demandé à Emmanuel Macron de réclamer "publiquement" au président Xi des améliorations sur ce front. Le Congrès mondial ouïghour, une organisation d'exilés d'une minorité chinoise musulmane, dont une partie se plaint de discriminations religieuses, sociales et économiques, l'avait également sollicité.
Les diplomates qui entourent Emmanuel Macron et le président lui-même assurent toutefois qu'il a usé en privé avec Xi Jinping de sa liberté de ton habituelle. Mais il n'y a aucun moyen de le vérifier. Les journalistes n'ont pas pu non plus aborder le sujet avec le président chinois car la conférence de presse prévue mardi soir s'est transformée en simple déclaration.