Petite forme pour l’exécutif. En deux mois, Emmanuel Macron est devenu plus impopulaire que François Hollande et Nicolas Sarkozy à la même période de leur mandat. L’effort budgétaire auquel doit se plier le nouveau pouvoir a fait rentrer l’équipe gouvernementale dans le dur du quinquennat et mis fin à l’enthousiasme qui a pu suivre l’élection.
Bercy a annoncé le 11 juillet un plan d’économie de 4,5 milliards d’euros pour permettre à la France de respecter l’engagement pris devant Bruxelles de ne pas avoir en 2017 un déficit public supérieur à 3% du PIB. Samedi, le gouvernement a également annoncé une baisse des aides personnalisées aux logement (APL) de 5 euros par mois à partir d’octobre, au grand dam des partenaires sociaux. "Nous avons décidé de faire des économies budgétaires plutôt que d’augmenter les impôts", a voulu désamorcer mercredi Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, dans un long entretien au Parisien.
Un "exercice de vérité budgétaire". "La meilleur façon d’être populaire c’est de ne rien faire ! Mais l’immobilisme, au bout d’un moment, vous le payez aussi. Je ne veux pas citer de chef d’Etat qui avait du mal à trancher…", ajoute-t-il. Un tacle à peine dissimulé à François Hollande, dont il a pourtant été membre de la majorité, étant élu en 2012 député des Alpes-de-Haute-Provence avec l’étiquette socialiste. "À chaque fois que vous faites des économies, vous faites des mécontents. Nous assumons ces choix car nous sommes résolus à appliquer le programme du candidat Macron qui a prévu 60 milliards d’euros de baisse des dépenses publiques", ajoute Christophe Castaner.
Concernant les 4,5 milliards d’euros d’économies demandés aux différents ministères, le gouvernement s’étant engagé à ne pas augmenter les impôts, Christophe Castaner veut faire valoir un "exercice de vérité budgétaire" auquel doivent participer "tous les ministères, même ceux qui sont prioritaires". Une allusion à peine voilée au serrage de ceinture de 850 millions d’euros demandé à la Défense avant la fin de l’année, et qui a mis le feu aux poudres entre le général Pierre de Villiers et Emmanuel Macron.
" La baisse des APL peut paraître brutale "
Le ministère de la Cohésion des territoires a annoncé samedi une baisse globale des aides personnalisées au logement de 5 euros par mois de manière à pouvoir maintenir le versement de cette aide sans en remettre en cause les critères d’attribution. Mais la mesure a été jugée sévèrement par les syndicats, les fédérations étudiantes et les associations contre le mal-logement, d’autant que la réforme promise en 2018 de l’impôt sur la fortune (ISF), et qui pourrait se traduire par une réduction de sa somme, va obliger Bercy à aligner "plusieurs milliards d’euros", estime auprès du Monde Louis Gallois, président de la Fédération des acteurs de la solidarité.
"Il y a urgence", répond Christophe Castaner, toujours dans Le Parisien, renvoyant une fois de plus la paternité de cette mesure à l'ancienne majorité qui continue, quant à elle, de démentir. "Il y a une malhonnêteté à inscrire noir sur blanc une mesure dans la loi de finances sans prévoir comment on la finance", martèle le porte-parole du gouvernement. "La décision de baisser de 5 euros l’APL à l’ensemble des bénéficiaires représente une économie de 150 millions d’euros sur les 18,4 milliards par an que coûte l’APL. J’assume le fait que ça peut paraître brutal, mais si on ne fait rien, on ne pourra pas payer l’APL à la fin de l’année", alerte le secrétaire d’Etat chargé des Relation avec le Parlement, rappelant que le gouvernement a promis "dès l’automne une réforme de la politique du logement".