L'entourage du chef de l'État continue de passer sur le grill mardi, lors d'une nouvelle journée d'auditions au Sénat dans le cadre de l'affaire Benalla. Christophe Castaner, proche parmi les proches d'Emmanuel Macron et secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, a été entendu mardi pendant 1h30 par la commission d'enquête. Mais c'est bien comme patron de La République en marche ! qu'il a été convoqué pour s'expliquer sur le rôle de Vincent Crase. Il a dénoncé le "comportement individuel inacceptable" et les "mensonges" de l'ex-responsable sécurité de LREM, et annoncé l'engagement d'une procédure de licenciement à son encontre.
Les infos à retenir :
- Christophe Castaner a été entendu mardi matin au Sénat
- Il a détaillé le rôle de Vincent Crase, ex-employé de LREM, dans les violences du 1er mai
- Vincent Crase, présent à la demande d'Alexandre Benalla lors de la manifestation, est en cours de licenciement
Initiative personnelle. Dans son propos liminaire, Christophe Castaner a réaffirmé avoir été "personnellement choqué par les images" de l'intervention d'Alexandre Benalla et Vincent Crase, ancien employé de l'Élysée et employé de LREM, sur des manifestants le 1er mai. "Je condamne une nouvelle fois les actes auxquels se sont livrés Alexandre Benalla et Vincent Crase" qui sont "contraires aux valeurs du mouvement politique que je préside", a ajouté le délégué général de LREM. Ces actes sont "susceptibles de jeter le discrédit sur notre mouvement". Il s'agit en outre d'un "comportement individuel inacceptable qui ne met en aucun cas en cause la présidence de la République".
Christophe Castaner a ensuite expliqué que Vincent Crase s'était joint volontairement à Alexandre Benalla le 1er mai, sur demande de ce dernier. Il n'avait donc pas le statut d'observateur. Quand il en a été informé, le patron du mouvement présidentiel a infligé une mise à pied de deux semaines, sans suspension de salaire, à Vincent Crase, alors responsable adjoint sûreté et sécurité de LREM. Il a souligné que "Monsieur Crase a ajouté le mensonge", car il "m'a déclaré intervenir comme gendarme réserviste auprès de l'Élysée". Raison pour laquelle il n'a pas averti la justice. Vincent Crase avait effectué, entre fin 2017 et mi-2018, 46 missions pour la réserve de la gendarmerie, activité parallèle dont Christophe Castaner a expliqué ne pas avoir eu connaissance avant leur entretien le 2 mai. "Les faits ont établi depuis que cela n'était pas le cas" le 1er mai, a-t-il ajouté.
Vincent Crase finalement licencié. Pour toutes ces raisons, Christophe Castaner a donc finalement décidé de licencier Vincent Crase et précisé mardi que la procédure était engagée. "Considérant qu'il s'agissait de faits commis dans le cadre de ses fonctions de gendarme réserviste auprès de la présidence de la République, j'ai souhaité appliquer le parallélisme des formes de la sanction décidée pour Monsieur Benalla à Monsieur Crase", a annoncé Christophe Castaner. "Les derniers jours ont mis en lumière la gravité des comportements. Ces faits sont susceptibles de jeter le discrédit sur notre mouvement. Je suis prêt à assumer le risque de contentieux devant les prud'hommes", précise-t-il.
Pas d'instruction sur la diffusion des vidéos. Concernant les vidéos de vidéosurveillance de l'intervention fuitées par des comptes Twitter de soutien à La République en marche !, le soir-même de la publication des premières informations du Monde, Christophe Castaner a assuré ne pas en avoir eu connaissance avant diffusion. "Je n'ai aucune information sur ce sujet" et "je suis convaincu qu'aucune instruction n'a été donné par un cadre de notre mouvement", a souligné le patron de LREM.
Alexandre Benalla était "cordial et efficace". Christophe Castaner s'est aussi attardé sur la personnalité d'Alexandre Benalla, qu'il rencontrait "régulièrement, toujours de façon cordiale, et à chaque fois que nécessaire, efficace". Il s'est dit surpris de "l'influence [prêtée] à Alexandre Benalla sur Vincent Crase" mais selon lui, il n'a jamais eu d'influence négative sur son entourage professionnel : "ça n'a jamais été le cas, si ça avait été le cas, j'en aurais référé au président de la République". "Je pense que le lien [entre les deux hommes] est un lien d'autorité d'Alexandre Benalla sur Vincent Crase", a noté Christophe Castaner.
Quant à la présence d'Alexandre Benalla lors d'événements postérieurs aux incidents du 1er mai, tels que le défilé du 14-Juillet, l'entrée au Panthéon de Simone Veil et la parade des Bleus à Paris, Christophe Castaner n'a pas souhaité donner son "sentiment", expliquant vouloir "s'en tenir aux faits".