François Hollande sort de son silence. L’ex-président de la République, que l’on n’a plus guère entendu depuis sa brève allocution devant le siège du PS, quelques minutes seulement après son départ de l’Elysée, va prendre publiquement la parole vendredi soir dans le théâtre antique d’Arles. Il s’exprime devant la "communauté des Napoléons", non pas une assemblée d’anciens dirigeants politiques, mais un groupe d’influence réunissant des responsables du monde de l’industrie des télécommunications. François Hollande doit y présenter sa fondation "La France s’engage", destinée à soutenir des initiatives privées d’intérêt général. Mais les contours précis de son intervention, que devraient scruter de près les commentateurs, n’ont pas été révélés.
"La politique, ça n’est pas l’objet de son discours. Il y sera d’abord question d’engagement et de sa fondation. Il y travaille depuis un moment", balaye auprès d'Europe 1 l’ancien directeur de la communication élyséenne Gaspard Gantzer. "Il ne fera pas l’erreur de retomber dans le chaudron au moment où le pouvoir traverse une crise", renchérit dans Le Parisien Julien Dray, l’un des proches du Corrézien.
"Un pseudo-renouvellement". Et pourtant, on peine à croire que François Hollande, habitué des petites phrases à double sens et, sous couvert d’humour, d’insinuations douces-amères, se prive de livrer quelques commentaires sur le nouveau pouvoir, tout juste ébranlé par une crise inédite entre son ancien protégé et le chef d’état-major des Armées. "Je ne peux pas croire qu’il n’y aura pas une ou deux formules à double entrée. Et puis si vous êtes attentifs, il n’a jamais prononcé le mot retraite", confie un socialiste au quotidien. Car si François Hollande s’est fait discret ces deux derniers mois, semblant apprécier ses vacances à l'écart du pouvoir, il a conservé un œil attentif sur la vie politique.
Celui qui a tenu les rênes du PS pendant onze ans, n’aurait pas vraiment goûté à la vague macroniste qui a déferlé sur les rangs de l’Assemblée nationale en juin, balayant les neuf dixièmes des élus socialistes. "Il m’a dit : ‘Je regrette qu’une génération comme la tienne risque d’être sacrifiée sur l’autel d’un pseudo-renouvellement’", confie au Parisien magazine le député sortant de l’Hérault Sébastien Denaja.
L’avenir de la gauche. Alors qu’il ne souhaite pas siéger au Conseil constitutionnel, dont les anciens présidents deviennent automatiquement membres, François Hollande passerait beaucoup de temps dans les bureaux de sa fondation. Et les visiteurs seraient nombreux à défiler dans les locaux du 242, rue de Rivoli où il a emmené dans ses valises quelques proches du 55, rue du Faubourg Saint-Honoré, comme son directeur de cabinet Jean-Pierre Hugues. "Il y accueille toute la Hollandie, et même un peu plus", souffle au Parisien le porte-parole du PS Rachid Temal. "Il les voient seulement à titre amical", nuance de son côté Gaspard Gantzer, avant d'ajouter :"C’est un homme libre, loin de Solférino !"
Celui qui a présidé aux destinées de la France pendant cinq ans, et dont on a accusé le bilan d’avoir englouti le socialisme, serait en fait moins préoccupé par les luttes de pouvoir dans les couloirs d'un PS en ruine que par la survivance idéologique de la gauche. "François n’est pas dans une histoire d’appareil, à se demander qui va diriger quoi. La question qu’il se pose est plutôt celle de la pensée politique : comment faire vivre la gauche du réel, le socialisme adapté au monde d’aujourd’hui", développe "un intime", toujours dans les colonnes du Parisien magazine.
Quelques jours avant que François Hollande ne quitte l’Elysée, L’Obs faisait part de la volonté du président sortant d’écrire un livre pour expliquer "ce qu’[il] n’[a] sans doute pas assez expliqué". "Peut-être un retour sur ce qu’il a vécu, mais je ne crois pas qu’il veuille faire un récit du quinquennat. Ça a déjà été fait. Plutôt parler de l’avenir", avait alors précisé Gaspard Gantzer sur notre antenne. Un livre donc, qui prendrait moins la forme de mémoires que celle d’une réflexion plus générale sur le pouvoir. Mais deux mois plus tard, l'ancien président ne semble toujours pas décidé à prendre la plume. "Cela viendra, plus tard", assure au Parisien magazine un autre proche, Vincent Feltesse, le conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine. "On verra. Mais pour le moment, il n’a pas de calendrier particulier, sauf celui qui consiste à prendre son temps", ajoute encore Gaspard Gantzer auprès d'Europe 1.
Corrézien sans domicile fixe
Depuis deux mois, l’ancien président serait à la recherche d’un appartement parisien et logerait dans le 11e arrondissement, chez sa compagne Julie Gayet – une relation jamais officialisée –, rapporte Le Parisien magazine.
Mais François Hollande a également des vues sur Tulle, son ancien fief corrézien. En attendant d’y trouver un pied à terre, l’ex-chef de l’Etat s’est octroyé quelques jours de vacances début juin chez son ami Bernard Combes, le maire de la ville et candidat malheureux aux législatives face… à un marcheur. On ne doute pas que le président aura su trouver les mots justes pour le réconforter.