Jean-Louis Etienne sur la démission de Nicolas Hulot : "On ne peut pas lui en vouloir, il était fatigué"

  • Copié
Aurélie Dupuy , modifié à
L'explorateur, clément avec son confrère, estime qu'il était certes compétent pour le job de ministre, mais qu'un profil plus politique encore est nécessaire pour faire bouger les lignes environnementales.
INTERVIEW

Explorateur des terres extrêmes du globe, le médecin et aventurier Jean-Louis Etienne est très sensibilisé au changement climatique. Il est d'ailleurs en train de préparer une nouvelle expédition qui le mènera dans l'océan austral pour mesure les échanges entre cet océan et le CO2 de l'atmosphère. Invité pour l'occasion dans le Grand rendez-vous dimanche, le scientifique est aussi revenu sur la démission de Nicolas Hulot de son poste de ministre de l'Environnement.

"Il était fatigué". Les deux hommes, passionnées par la nature, se connaissent. Et l'explorateur se montre compréhensif vis-à-vis de l'ancien membre du gouvernement : "On ne peut pas lui en vouloir. Il était fatigué. Je l’avais vu quelques temps avant. J'étais arrivé dans son bureau, il m’avait dit : 'Ils ne veulent rien. Ils ne veulent pas les éoliennes, ils ne veulent pas le nucléaire...’, détaille Jean-Louis Etienne en décrivant un ex-ministre désillusionné.

Un poste proposé sous Mitterrand. Et l'explorateur mesure l'ampleur de la tâche : "Il avait à gérer un énorme ministère. L’énergie, l’environnement, la biodiversité, c'est la marche du monde. Nicolas était porteur d’un idéal. Quand on est porteur d'un idéal, on a certaines fragilités. Il n’est pas issu des remparts politiques", explique Jean-Louis Etienne, qui comprend d'autant mieux l'impact d'un tel maroquin puisque lui-même s'était vu proposé le poste de ministre de l'environnement sous François Mitterrand, avant de le refuser.

"Difficile à conjuguer". "Je pense que Nicolas Hulot avait tout pour faire le job. Il avait une expérience dans le milieu politique. Il est avec les chefs d’État depuis longtemps", conclut Jean-Louis Etienne, qui pense néanmoins qu’il faut un profil encore plus politique pour tenir, tout en connaissant le sujet environnemental. "Il s’est heurté à quelque chose qui est difficile à conjuguer", entre idéal et réalité.