Le malaise grandit chez les maires de France. Au lendemain de la mort de l'élu de Signes Jean-Mathieu Michel, renversé par une camionnette dont il voulait verbaliser les occupants, la commission des Lois du Sénat a annoncé le lancement d'une consultation auprès de tous les maires pour étudier les risques auxquels ces derniers sont confrontés dans l'exercice de leur fonction. Pour Vanik Berberian, président de l'Association des maires ruraux de France et invité mercredi d'Europe 1, le développement de ces incivilités est notamment dû au fait que "la fonction du maire s'est dégradée au fil du temps".
"Ces incivilités ont augmenté et évolué" ces dernières années, relate-t-il. "On se rend compte que l'intérêt général est de moins en moins perçu par les citoyens, et ça peut provoquer des drames". Et d'évoquer "des gens qui viennent en mairie pour résoudre des problèmes personnels, et qui ont un peu tendance à regarder les cinq mètres de trottoir devant chez eux". Si la mort d'un élu reste évidemment "un cas exceptionnel", le président de l'Association des maires ruraux évoque revanche "des lettres anonymes, des injures, des tags sur les maisons, des crachats".
"Ça devient moins intéressant d'assurer le rôle de maire"
Selon lui, ces nouvelles incivilités s'expliquent notamment par "une forme d'incapacité à reconnaître la fonction de maire, qui s'est dégradée au fil du temps". En cause, des lois votées lors des quinquennats précédents et qui "déchargent les maires de leurs compétences", ainsi que "les difficultés de moyens et de dotations". "Ça devient moins intéressant d'assurer le rôle de maire", estime aujourd'hui Vanik Berberian.
Revenant sur la consultation lancée par le Sénat, Vanik Berberian juge que "c'est bien de faire un état des lieux". Mais, prévient-il aussitôt, "il faut trouver des réponses rapidement". Ainsi, la rénovation prochaine du statut des élus "est attendue par beaucoup", ainsi que la "revalorisation de la fonction de maire".