Législatives partielles : LREM veut se refaire une santé

Christophe Castaner, délégué général de La République en marche!, donne de sa personne pour soutenir les candidats aux législatives partielles.
Christophe Castaner, délégué général de La République en marche!, donne de sa personne pour soutenir les candidats aux législatives partielles. © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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Après deux défaites au début de l'année, La République en marche! espère inverser la tendance aux législatives partielles du mois de mars. Il en va de la crédibilité du parti.

La majorité avait certes essayé de préparer le terrain pour la soirée du dimanche 4 février 2018. Pendant des semaines, membres du gouvernement comme porte-parole du parti avaient martelé le même message : non, les législatives partielles intervenant après les annulations, par le Conseil constitutionnel, de plusieurs élections de députés, ne sont pas un "test" pour La République en marche!. Mais la défaite dans le Val d'Oise et le Territoire de Belfort des deux candidats LREM au deuxième tour ce 4 février, au profit de leurs adversaires LR, a bel et bien été interprétée comme un désaveu pour la majorité. Avec pas moins de quatre nouveaux scrutins en mars, le mouvement présidentiel a l'occasion de se refaire une santé et d'éviter un grand chelem de défaites.

 

Les élections législatives partielles de mars

  • Deuxième circonscription de Guyane (4 et 11 mars) : en juin dernier, Lénaïck Adam (LREM) avait été élu face à Davy Rimane, candidat LFI.
  • Huitième circonscription de Haute-Garonne (11 et 18 mars) : le socialiste Joël Aviragnet avait gagné sur le fil face au LREM Michel Montsarrat.
  • Quatrième circonscription du Loiret (18 et 25 mars) : c'est Jean-Pierre Door (LR) qui l'avait emporté en juin, devant Mélusine Harlé (LREM).
  • Première circonscription de Mayotte (18 et 25 mars) : le vainqueur, Ramlati Ali, qui avait battu Elad Chakrina (LR) est un socialiste qui avait finalement rejoint le groupe LREM à l'Assemblée.

 

Fini de rire. De nouvelles défaites seraient en effet politiquement désastreuses à gérer pour LREM. Elles viendraient donner du grain à moudre à ses opposants, qui n'ont cessé de mettre le raz-de-marée des marcheurs de juin 2017 sur le compte de la dynamique liée à la présidentielle. "Il suffit de mettre la tête de Macron [sur une affiche] et n'importe quel mulot fait 40%", pestait ainsi à l'époque le socialiste Alexis Bachelay, éliminé dès le premier tour dans les Hauts-de-Seine. "J'ai été élu sur une vanne", assume un poids lourd de la majorité encore aujourd'hui. "J'aurais pu être bon ou mauvais, j'aurais été élu quoi qu'il arrive." En remportant ou conservant des sièges dix mois après l'élection d'Emmanuel Macron, son parti prouverait qu'il ne s'agit plus d'une blague et que l'adhésion au projet présidentiel est réelle.

Vaincre la malédiction de l'usure du pouvoir. L'enjeu est aussi, pour LREM, de vaincre la malédiction de l'usure du pouvoir. Au moment où le gouvernement enchaîne les réformes à toute vitesse, les enquêtes d'opinion montrent, elles, que l'exécutif dévisse. Dans le baromètre Kantar Sofres du Figaro, Emmanuel Macron perd un point d'opinions favorables, à 43%, et Edouard Philippe en perd deux, à 40%. Dans celui réalisé par YouGov pour le HuffPost et CNews, le chef de l'État chute de 11 points en un mois, à 30% d'opinions favorables. Son Premier ministre chute également de six points pour atteindre le même niveau. LREM aura à cœur de faire mentir ces sondages dans les urnes.

L'exécutif donne de sa personne. La majorité ne ménage donc pas sa peine pour mettre toutes les chances de son côté, garder les sièges qu'elle remet en jeu et récupérer ceux qu'elle avait laissés à l'opposition en juin. Le week-end dernier, Christophe Castaner, ministre des Relations avec le Parlement, s'est rendu en Guyane pour soutenir le candidat sortant, Lénaïck Adam. Il sera vendredi à Saint-Gaudens, en Haute-Garonne, pour une réunion publique avec Michel Montsarrat. Ce candidat, qui tentera de ravir la huitième circonscription du département au sortant socialiste, a par ailleurs déjà reçu la visite du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. C'est également vendredi que Mounir Mahjoubi, secrétaire d'État au Numérique, sera dans le Loiret pour s'afficher avec Mélusine Harlé, candidate malheureuse de la quatrième circonscription (avec 49,99% des suffrages). Avant lui, Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur, aura fait un détour par là pour une réunion publique.

Éviter une "dynamique négative". Est-ce que cela suffira pour ne pas répéter les échecs du mois de février dans le Val d'Oise et le Territoire de Belfort ? Dans la majorité, la perspective d'une réponse négative donne des sueurs froides à certains. Au-delà du risque de perdre des députés ce qui, au vu de la majorité LREM pléthorique à l'Assemblée (351 sièges en juin dernier), ne fera pas grande différence, on craint de s'aventurer sur une pente glissante. Comme le résume un parlementaire à RTL, cela pourrait "enclencher une dynamique négative pour les européennes et les municipales".