Des sénateurs préconisent, dans un rapport présenté jeudi, que les départements déterminent les routes secondaires sur lesquelles sera appliquée la limitation de vitesse à 80 km/h, mesure très controversée prévue par le gouvernement pour juillet. Pour faire baisser la mortalité routière, l'exécutif a annoncé en janvier la réduction de 90 à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur 400.000 km de routes secondaires à double sens sans séparateur central (terre-plein, glissière).
"Souci d'acceptabilité". Le projet "a un souci d'acceptabilité, particulièrement dans les départements ruraux où il augmente le sentiment de fracture territoriale", a déclaré lors d'une conférence de presse Jean-Luc Fichet, sénateur PS du Finistère, coauteur du rapport avec Michel Raison (LR, Haute-Saône) et Michèle Vullien (Union centriste, Rhône-Alpes). Ils proposent de mettre en place des "concertations départementales" entre juin et décembre: l'idée est de réunir État, départements et associations pour dresser une liste "définitive" des routes qui, du fait de leur dangerosité, seraient concernées par les 80 km/h. Parmi les reproches formulés par les sénateurs: l'insuffisance des moyens accordés à la prévention routière et l'entrée en vigueur, selon eux précipitée, de cette mesure.
Une mesure très critiquée à droite. L'expérimentation de la limitation à 80 km/h, menée dans quatre départements entre juillet 2015 et juin 2017, "ne permet pas de tirer de conclusions concernant l'impact de la mesure" sur le nombre d'accidents, jugent-ils. "On ne demande pas au gouvernement de reculer, mais d'aménager", a fait valoir Michel Raison. La solution avancée par les sénateurs est "la seule qui permette une mesure équilibrée et acceptable par tous", a estimé l'association 40 millions d'automobilistes dans un communiqué. La limitation à 80 km/h est depuis plusieurs mois très critiquée à droite (majoritaire au Sénat), parmi les automobilistes et dans les territoires ruraux.