Une réception à l'Élysée, mercredi, plutôt qu'une visite au congrès des maires, porte de Versailles : pour certains élus, c'est une mauvaise manière faite par le chef de l'État de ne pas honorer sa promesse de s'adresser directement à tous les édiles, chaque année.
"Résignation". "C'est dommage, parce que c'était pour tous les maires l'occasion de l'écouter. Maintenant, il ne vient pas, il ne vient pas !", philosophe un édile. "Il ne tient pas sa parole, c'est un peu dommage", renchérit un autre. "C'est un peu frustrant pour nous !" Enfin, un troisième ressent, "depuis quelques temps, un manque de considération" de la part de l'exécutif. Ces maires font partie de la centaine d'élus qui ont reçu un carton d'invitation pour l'Élysée. Ils s'y rendront.
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C'est aussi le cas de Bruno Lafon, maire de Biganos, en Gironde, qui a hésité avant d'accepter de franchir le pas du 55, rue du Faubourg Saint-Honoré : "Je suis porteur d'ailleurs d'une lettre écrite par les représentants des gilets jaunes Hautes-Landes et bassin d'Arcachon", raconte l'élu. "J'essaierai de la lui remettre, du moins à ses services. Et si j'ai l'occasion de m'entretenir avec lui, je lui dirai la résignation qu'ont les maires et la difficulté que nous avons aujourd'hui. Rien que pour la taxe d'habitation, nous sommes soumis à la promesse que ça allait être compensé. Compensé comment, je n'en sais rien."
Un gouvernement "qui n'écoute pas la base". Mais pour cet élu PS de la Nièvre, en revanche, pas question d'y aller : il boycottera la réception car c'est porte de Versailles qu'il voulait voir Emmanuel Macron. "Il y aurait pu y avoir des échanges avec la salle", regrette-t-il. "C'est aussi ça, la démocratie. On se sent humiliés par ce gouvernement, un gouvernement de technocrates qui n'écoute pas la base les élus de terrain qui, eux, connaissent bien la population."
"Il faut renouer du dialogue dans la confiance et pas dans le buzz", assure quant à lui David Lisnard, maire LR de Cannes et vice-président de l'association des maires de France, qui ne se rendra pas non plus à l'Élysée. "On sait très bien qu'il ne sortira rien de cette réunion, hormis des déclarations d'intention."
"Nous voyons bien le décrochage puisque quand vous êtes un élu, à moment donné, vous êtes obligé d'être un peu plus humble", abonde Bruno Lafon. "Les différents présidents de la République précédents, s'ils n'ont pas forcément toujours tout bien fait, avaient quand même cette appréciation des élus. Ce qu'il n'a pas, lui, et on le sent."
Un maire sur deux ne veut pas se représenter. L'an dernier, le président avait essuyé quelques sifflets devant les élus. Ceci explique cela, s'amusent certains maires. Reste que d'autres auraient aimé témoigner de leur quotidien difficile, et expliquer les raisons qui poussent la moitié d'entre eux à ne pas vouloir briguer aujourd'hui un nouveau mandat en 2020, comme l'a révélé une enquête récente du Cevipof.