Attendu de pied ferme. Deux jours après la visite de François Hollande, le Premier ministre a été accueilli dans une ambiance tendue lundi au Salon de l'agriculture. La visite de Manuel Valls, sur les lieux depuis 7 heures lundi matin, a débuté auprès de Cerise, la vache égérie du Salon.
Quelques huées. Le Premier ministre a lui aussi essuyé quelques huées et quolibets mais rien de comparable avec la visite de François Hollande samedi dernier. Le dispositif de sécurité est d'ailleurs moins impressionnant. Manuel Valls, qui discute lundi matin avec les agriculteurs, s'est exprimé : "C'est la même chose tous les ans. Si on ne vient pas, on est des trouillards et si on vient, on est là pour se pavaner ! Non ! C'est notre boulot d'agir et c'est ce qu'on fait". Il appelle chacun à la responsabilité et met la pression sur l'Europe et la grande distribution. Il appelle aussi les Français à consommer français de préférence.
Affronter la colère. Même si l'ambiance au Salon est donc plus calme pour le moment que lors de la visite de François Hollande, le Premier ministre sait que rien n'est gagné. Il va d'ailleurs au contact et affronte la colère des agriculteurs. A Matignon, on met en avant la volonté de dialogue et les annonces faites il y a une dizaine de jours sur la baisse des cotisations sociales pour les agriculteurs.
La tension est palpable. Mais cela risque d'être insuffisant pour faire baisser la tension. Dimanche encore au Salon de l’agriculture, une action coup de poing a été menée contre le stand de la marque Charal qui a été aspergé de farine. Et rien n'a changé depuis samedi dernier et la visite de François Hollande. Le président de la République n'a pas fait d'annonce et la colère des éleveurs est toujours présente.Tout le week-end, on a vu, et on voit encore partout aujourd'hui dans les allées du Salon les grandes affiches et les tee-shirts noirs "Je suis éleveur, je meurs".
Un accueil glacial. Manuel Valls poursuit donc sa visite dans une ambiance glaciale. Et son accueil sera tout aussi peu chaleureux. C'est en tout cas ce que disent deux éleveurs du Nord et du Pays Basque, Maxime et Pierre. "Je pense que ça va être comme Monsieur Hollande. on ne pourra pas l'approcher car il aura des gardes du corps et il pourrait bien être sifflé lui aussi. On n'était pas censé le siffler notre président, on voulait juste lui faire une haie d'honneur le dos tourné. Mais je pense que l'effet de masse et le ras de bol qu'il y a dans les exploitations ont entrainé les sifflets", affirment-ils au micro d'Europe 1.
Quel est le poids de Manuel Valls ? Pour Jean-Luc Bazaillac, éleveur de vaches Prim'Holstein près de Pau, les visites des politiques se succèdent mais les doutes du monde agricole demeurent. "Il y a un certain décalage entre les visiteurs qui ont de l'empathie pour nous et de l'autre côté nos politiques qui ne font pas ce qu'il faut pour que les choses changent. Et puis, quel est le poids aujourd'hui de Manuel Valls par rapport à la grande distribution ? Je doute", explique-t-il agacé.
En tout cas Manuel Valls est prévenu, la seule chose que demande les éleveurs, se sont des prix plus élevés pour leur production. Il n'est pas certain, donc, que l'appel au calme lancé par Xavier Beulin , le président de la FNSEA, soit entendu lundi.