Elle a encore du pain sur la planche. Si la canicule a contraint Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, à rester sur le pont une partie de l’été quand ses collègues du gouvernement s’envolaient vers leur lieu de villégiature, la rentrée ne sera pas moins chargée pour l’ancienne hématologue. Plan pauvreté, financement de l’Assurance maladie et réforme des retraites… Bref, autant de dossiers épineux que va devoir porter la ministre dès septembre, comme le détaille Le Journal du Dimanche. De quoi prouver aussi pour l’intéressée qu’elle est bien à la hauteur de sa réputation de bonne élève du gouvernement et de bûcheuse.
Un plan pauvreté pour "casser les assignations à résidence"
Attendu en juillet, le plan pauvreté sera finalement présenté mi-septembre. Un chantier qui ne devrait pas manquer d’animer la rentrée politique, alors que les critiques se sont multipliées ces derniers mois - jusque chez des macroniens de la première heure – quant au manque de consistance de la politique sociale d’Emmanuel Macron. L’objectif : casser les "assignations à résidence", selon une formule chère au chef de l’Etat. "En France, quand on naît dans une famille pauvre, on le reste durant des générations", abonde Agnès Buzyn auprès du JDD.
Dans le détail, l’exécutif prévoit la mise en place d’un dispositif d’accompagnement pour les jeunes sortant de l’Aide sociale à leur majorité, l’allongement de la durée obligatoire de scolarisation jusqu’à 18 ans pour lutter contre le décrochage scolaire, la gratuité de la restauration scolaire dans les écoles et collèges des zones défavorisées ou encore un système de bonus-malus dans les crèches, de manière à en permettre l’accès aux familles pauvres, énumère Le JDD. Le gouvernement entend également étendre le dispositif "territoire zéro chômage" pensé sous François Hollande, qui permet d’embaucher en CDI des chômeurs longue durée dans des entreprises financées par l’Etat, et qui est déjà testé depuis 2016 sur dix territoires. Enfin, une fusion des aides financières attribuées aux plus modestes devrait voir le jour d’ici 2019.
Assurance maladie : vers un financement des petits arrêts par les entreprises
À partir du 10 octobre, Agnès Buzyn passera le plus clair de son temps à hanter l’hémicycle et les couloirs de l’Assemblée nationale avec un dossier de taille sous le bras : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Une partie des 15 milliards d’économie réclamés par le président de la République sur l’ensemble de son quinquennat passeront notamment par une restructuration des hôpitaux en faveur des soins ambulatoires.
Agnès Buzyn confirme également au JDD plancher sur l’hypothèse d’un remboursement des arrêts maladie de courte durée (entre quatre et sept jours) par les entreprises. "Il est normal de mettre le problème sur la table car ils représentent un poste de dépenses importantes pour la Sécurité sociale. Si les raisons sont liées à une hausse de la pénibilité psychologique, les entreprises ont un rôle à jouer", plaide-t-elle. Patronat et syndicats, qui ont déjà manifesté leur opposition, invoquant notamment une possible augmentation des cotisations salariales, pourraient bien lui rendre la vie dure sur cette mesure.
Reformer les retraites pour "vieillir en paix"
La fin d’année et le premier trimestre 2019 seront consacrés à la réforme des retraites, l’un des plus gros chantiers du quinquennat. Porté jusqu’à présent par l’ancien chiraquien Jean-Paul Delevoye, le système universel voulu par Emmanuel Macron pourrait se coupler à la question de la dépendance, puisque notre pays comptera trois fois plus de personnes de plus de 85 ans en 2050, comme le rappelle Agnès Buzyn. "Notre société va pouvoir vieillir en paix", promet-elle.