Le sujet est sensible. La loi de programmation militaire 2019-2025 a provoqué de premières passes d'armes mardi à l'Assemblée nationale, où la majorité a défendu l'ampleur de l'"effort budgétaire inédit", "sur-vendu" pour certains opposants, LR en tête. "Le temps des sacrifices est révolu" et "le renouveau de nos Armées commence", a vanté la ministre Florence Parly en ouverture de trois jours de discussions et de l'étude de 348 amendements, détaillant les grands axes de programmation face à des enjeux de défense en mutation, géopolitiques autant que technologiques. Elle a d'emblée riposté aux critiques et "fantasmes budgétaires" des "grincheux et des amnésiques", notamment sur le financement du surcoût des opérations extérieures et du service national universel. La nouvelle loi de programmation prévoit que la France consacre 295 milliards d'euros à sa défense sur ces sept ans.
Préconisations de l'Otan. L'objectif d'Emmanuel Macron est de porter les dépenses de défense à 2% du PIB français en 2025, rejoignant les préconisations de l'Otan. Un objectif pilonné à gauche de la gauche malgré les justifications de la majorité. De 34,2 milliards d'euros en 2018, ce budget doit bénéficier d'une hausse de 1,7 milliard d'euros par an jusqu'en 2022, avant des "marches" de 3 milliards par an à partir de 2023. Le projet de loi érige en priorités l'amélioration du quotidien du soldat et la modernisation d'équipements à bout de souffle, au moment où la France est engagée sur des fronts multiples, au Sahel, au Levant et dans l'Hexagone avec l'opération Sentinelle. A l'unisson du gouvernement et du groupe majoritaire, le chef de file des MoDem Marc Fesneau vante un texte "au rendez-vous des engagements du président de la République", "ambitieux mais réaliste sur la trajectoire".
"Le nouveau monde maquille la réalité". Les LR, qui n'excluent pas de s'abstenir, selon leur président Christian Jacob, jugent l'effort "sur-vendu" et "avec l'essentiel sur le mandat présidentiel qui suivra celui d'Emmanuel Macron". "Le nouveau monde maquille la réalité (...) et cela ne peut produire que de la déception", a notamment affirmé Thibault Bazin en défendant en vain une motion de rejet. Mitigés, les socialistes saluent "des avancées", mais expriment "quelques inquiétudes". Comme d'autres groupes, Nouvelle Gauche note par exemple que "beaucoup de promesses, que ce soit dans l'augmentation des financements ou des effectifs, sont hors quinquennat".