"Une décision extraordinaire". C'est ainsi que Jean-Luc Mélenchon qualifie la consécration par le Conseil constitutionnel du principe de "fraternité". Vendredi, l'institution a affirmé qu'une aide désintéressée au "séjour irrégulier" ne saurait être passible de poursuites, répondant à des militants de la vallée de la Roya. "Moi qui n'aime guère les Conseils constitutionnels d'une manière générale, je dois dire que je suis épaté parce que c'est le rappel d'un fondamental de l'identité républicaine", a commenté le leader de la France Insoumise, dimanche matin dans le Grand rendez-vous, sur Europe 1.
"Des difficultés au ministère de l'Intérieur". "L'identité républicaine, c'est liberté, on connaît, égalité, on connaît... Et puis fraternité", a rappelé Jean-Luc Mélenchon. "Quand on arrive à fraternité, on pense qu'on est dans le domaine de la métaphysique, des sentiments... Là, c'est extraordinaire. C'est clair que ça va poser des difficultés au ministre de l'Intérieur, mais la vie, c'est les difficultés."
"La politique, c'est aussi son cœur." "Hier, je discutais avec un militant qui s'occupe de ce genre de questions, et je vous garantis que j'ai mal dormi", a poursuivi le député. "Quand on vous raconte l'histoire d'un migrant, qui se cache, qui a peur, qui meurt en cours de route, ou à la frontière entre la France et l'Allemagne (...), ça suffit. La politique, à un moment donné, c'est aussi son cœur. (...) Il y a en nous quelque chose qui est plus profond que les arguments, c'est la compassion, la fraternité. Je dis merci au Conseil Constitutionnel."
Une décision rarissime. Dans une décision rarissime, les sages de la rue Cambon ont reconnu vendredi le "principe de fraternité", dans sa valeur constitutionnelle, pour la première fois. "Il découle de ce principe la liberté d'aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national", a affirmé le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius. "Le Conseil constitutionnel juge toutefois qu'il appartient au législateur d'assurer la conciliation entre ce principe de fraternité et l'objectif à valeur constitutionnelle de sauvegarde de l'ordre public, dont participe l'objectif de lutte contre l'immigration irrégulière", a-t-il poursuivi.