"C'est le ras-le-bol qui remonte" : Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, a synthétisé ainsi les motivations du syndicat, qui a bâché de noir mercredi le stand du ministère au Salon de l'agriculture, pour protester contre un ensemble d'orientations gouvernementales ou européennes. Après avoir bâché le stand, une quarantaine de manifestants ont notamment brandi des banderoles réclamant "un revenu pour tous les paysans" ou "sauvons l'élevage avec des producteurs nombreux".
Le salaire des producteurs. Les membres de la Confédération paysanne ont exprimé leur déception quant au volet "répartition de la valeur" du projet de loi issu des États généraux de l'alimentation. "La loi dit à la grande distribution, aux transformateurs et aux agriculteurs : 'négociez'. Nous, on demande un arbitre, on demande à ce que la loi soit contraignante pour les transformateurs et les distributeurs", a déclaré à l'AFP Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. Il a également évoqué le paiement redistributif, une aide qui s'ajoute aux paiements "de base" pour valoriser les productions à forte valeur ajoutée ou génératrices d'emploi, notamment pour les petites fermes. La Confédération paysanne souhaite que cette majoration, actuellement de 50 euros/hectare, passe à 100 euros, comme cela était prévu initialement, avant que la crise ne touche les céréaliers français, notamment en 2016.
Les accords de libre-échange inquiètent. Autre sujet de crispation, les accords de libre-échange en attente de ratification, comme le Ceta (accord de libre-échange UE/Canada), ou en cours de négociations comme l'accord UE/Mercosur, qui provoquent la crainte des éleveurs français de voir arriver en France de la viande à bas coûts, avec des droits de douane réduits. "On n'a pas besoin de plus de viande bovine ici, on va faire crever les paysans", a clamé Laurent Pinatel lors d'une prise de parole devant les visiteurs. "Si on avait mené nos fermes comme ils (le gouvernement) mènent l'agriculture française, il y a longtemps qu'on aurait bâché nos exploitations", a-t-il dit pour expliquer la symbolique de l'action menée, avant que les manifestants ne crient "Travert, au boulot, Travert, au boulot", à l'intention du ministre de l'Agriculture. "On a mis énormément d'énergie dans les états généraux", a regretté Nicolas Girod, secrétaire national du syndicat agricole, qui a indiqué craindre à terme "une alimentation à deux vitesses".
Pour une alimentation de qualité et une juste rémunération des #agriculteurs, la confédération paysanne ferme le stand du ministère de l’agriculture #SIA2018pic.twitter.com/pRIRUbbcSM
— France 3 Franche-Comté (@F3FrancheComte) 28 février 2018