Emmanuel Macron a annoncé mardi avoir chargé un groupe de travail d'entamer "des travaux de préfiguration et rendre ses conclusions en avril" sur l'instauration d'un service national universel, se disant prêt à modifier la Constitution si nécessaire.
Donner à la jeunesse "des causes à défendre". "Il ne s'agit pas de réinventer le service militaire" mais de donner "à la jeunesse de France des causes à défendre, des combats à mener dans les domaines social, environnemental, culturel", a-t-il plaidé devant 800 personnes réunies à l'Élysée pour ses vœux aux forces vives de la Nation et aux corps constitués.
"L'engagement pour les autres est le plus sûr moyen de se réaliser soi-même". "Le service national universel sera ce moment où la République dira à notre jeunesse que l'engagement pour les autres est le plus sûr moyen de se réaliser soi-même" et le "socle d'une solidarité nationale affermie", a-t-il dit.
Une modification de la Constitution possible. "Beaucoup disent que c'est impossible à faire. Mais, rassurez-vous, je suis depuis bien longtemps habitué à ces débuts de discussion. Cela forge plutôt en moi la conviction que c'est une nécessité de le faire. Et cela répond à ce qui corrode au plus profond la cohésion de la Nation, à la tentation de l'individualisme", a-t-il insisté, "je crois que notre jeunesse l'attend".
"Cela ne devrait pas entraîner de modification de la Constitution mais si cela se révèle nécessaire, nous l'assumerons", a-t-il martelé. Le chef de l'État reprend ainsi en main ce projet qu'il veut mener à son terme, alors que l'Assemblée nationale vient de repousser sine die la publication d'un rapport parlementaire sur sa mise en place.
Un service obligatoire coûteux. À l'origine, la promesse lancée en mars 2017 par le candidat Macron était qu'il rétablirait un "service national obligatoire et universel", d'une durée d'un mois et pour l'ensemble d'une même classe d'âge, "soit environ 600.000 jeunes par an". Ce service obligatoire, nécessairement coûteux, a très vite suscité la méfiance de l'armée et la perplexité du monde éducatif, ainsi que l'hostilité des syndicats étudiants. L'Assemblée a déclaré forfait car les députés se sont sentis "pris entre l'enclume jupitérienne et la foudre des armées", a commenté la semaine dernière un parlementaire LREM membre de la commission Défense.
Un projet qui suscite toujours des doutes. Emmanuel Macron avait promis mi-janvier que ce projet serait "conduit par l'ensemble des ministères concernés, et pas simplement par le ministère des Armées", avec "un financement ad hoc" qui ne figurera pas dans la loi de programmation militaire 2019-2025.
Mais sa faisabilité suscite toujours des doutes, en raison de son coût (estimé entre deux et trois milliards d'euros par an par Emmanuel Macron pendant sa campagne) et des capacités d'accueil des armées, devenues inadaptées depuis la suppression en 1997 du service militaire obligatoire.