Des enveloppes contenant de l'argent en espèces ont été distribuées au sein du QG de campagne de Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, selon un rapport des enquêteurs, a appris lundi l'AFP, de source proche du dossier. Ce rapport de l'Office central de lutte contre la corruption et la fraude fiscale (Oclciff), daté du 5 septembre et révélé par Mediapart, s'inscrit dans le cadre de l'enquête sur les soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy et s'intéresse tout particulièrement à l'usage d'argent en espèces dans son entourage.
"Faire plaisir" aux participants de la campagne. D'après les témoignages recueillis par les policiers, des enveloppes contenant des montants allant de 200 à 2.000 euros ont été distribuées à l'équipe de campagne du candidat UMP en 2007. Selon une source proche du dossier, Eric Woerth, trésorier de la campagne, a affirmé lors d'une audition qu'il s'agissait de "faire plaisir, de gratifier ceux qui avaient particulièrement participé à la campagne ou ceux qui avaient engagé des frais qui n'avaient pas pu être remboursés suffisamment". Éric Woerth a précisé "avoir fait le choix de ne pas informer le candidat ni son directeur de campagne de cette circulation d'espèces", a ajouté la source.
Dons anonymes. Interrogés par les enquêteurs, Eric Woerth et Vincent Talvas, trésorier adjoint de campagne chargé de la distribution des enveloppes, ont répondu que l'argent en espèces provenait de dons anonymes déposés à l'accueil de l'UMP ou du QG de campagne, voire envoyés par courrier, pour un montant global compris entre 30.000 et 35.000 euros. Les enquêteurs n'évaluent pas l'ampleur des sommes qui auraient été remises à l'équipe de campagne mais soulignent, dans leur rapport, que "si des simples assistantes respectant des horaires de bureau classiques (…) ont pu être récompensées, comment imaginer que des personnes aux responsabilités supérieures ne le soient pas".
Selon la source proche du dossier, le rapport de l'office anti-corruption fait également état d'un "usage immodéré" des espèces par Claude Guéant, ancien proche collaborateur et ministre de Nicolas Sarkozy, dont l'examen des comptes bancaires révélait cependant qu'il n'avait retiré que 800 euros entre mai 2003 et fin 2012. Les investigations ont ainsi permis de révéler que Claude Guéant, qui dit avoir "perçu" 5.000 euros par mois en espèces provenant des frais d'enquête quand il était au ministère de l'Intérieur entre juillet 2002 et mars 2004 - soit 110.000 euros -, avait par exemple remis 160.000 euros en espèces à son fils entre 2008 et début 2013, a détaillé cette source.