Un questionnaire envoyé aux militants de La République en marche, dans le cadre d'une étude sociologique sur le corpus idéologique des partisans du mouvement présidentiel, soulève une bronca, à gauche, en raison de questions jugées tendancieuses.
Des questions polémiques. Cette étude, menée par le directeur du think tank Terra Nova, Thierry Pech, les chercheurs à Sciences-Po Marc Lazar et Thomas Vitiello, et le chercheur au CNRS et Cevipof Bruno Cautrès, et qui se fonde sur un questionnaire envoyé à quelque 30.000 militants, a été lancée le 8 juin. Outre plusieurs items relatifs au parcours politique des adhérents ou à l'appréciation de l'action d'Emmanuel Macron, il est demandé aux militants LREM de se prononcer sur plusieurs affirmations, selon cinq nuances - de "Tout à fait en désaccord" à "Tout à fait d'accord" -, telles que "Il y a trop d'immigrés en France", "On ne se sent pas chez soi comme avant" ou "L'islam est une menace pour l'Occident".
"En marche vers les thèses de l'extrême droite". "Un questionnaire digne de l'extrême droite", a fustigé mardi dans un tweet le sénateur socialiste Rachid Temal, qui a accusé LREM d'être un "parti sans colonne vertébrale idéologique qui renonce aux valeurs républicaines". Sa collègue de groupe à la Chambre haute, Marie-Noëlle Lienemann, a dénoncé un questionnaire "en marche vers les thèses de l'extrême droite, mais certainement pas la République en marche". "Macron, ce n'est plus et droite et droite mais, à ce rythme, et droite et extrême droite", a-t-elle ajouté.
Chez les Insoumis, la charge est venue d'Antoine Léaument, responsable de la communication numérique de Jean-Luc Mélenchon et de LFI qui, dans un article, a fustigé "du Le Pen dans le texte".
Exemples de questions posées par #EnMarche dans un sondage envoyé à ses militants...
— Antoine Léaument (@ALeaument) 18 juin 2018
Voir mon article : https://t.co/eweCCS9QFYpic.twitter.com/VPSLYRLyqn
Le think tank se défend. "Les questions portant sur les valeurs et attitudes culturelles des enquêtés, dont certaines ont pu surprendre un public peu averti, sont en réalité très classiques dans ce genre d'exercice et ont été déjà posées dans de nombreuses autres enquêtes du même type", s'est défendu mardi Terra Nova dans un communiqué, en rappelant que la convention de recherche établie avec LREM "stipule l'autonomie scientifique du think tank dans la conduite de cette enquête". "Contrairement à ce qui a pu être écrit, ces questions n'orientent nullement les réponses des enquêtés", poursuit le think tank, jusqu'alors réputé proche du PS.
Le patron du mouvement présidentiel, Christophe Castaner, a pour sa part dénoncé dans un tweet "l'effet moutonnier" de ses contempteurs et "la police de la pensée" qui "s'applique aux enquêtes indépendantes de sociologie politique". Lors du lancement de l'étude, il avait indiqué que la restitution de cette étude, autofinancée par Terra Nova, devait avoir lieu à l'automne.