Objectif : calmer le jeu. Emmanuel Macron s'est rendu vendredi midi à Toulon pour la traditionnelle cérémonie des vœux présidentiels aux Armées. Un passage obligé, quasiment rituel, mais qui prenait cette année des allures particulières au vu du contexte. Car il n'y a pas six mois, les relations entre les militaires et l'Élysée étaient des plus tendues.
Des efforts "inédits et incomparables". Le président n'a donc pas lésiné sur les moyens pour réchauffer l'atmosphère. Exprimant la "reconnaissance" et la "fierté" de la France pour ses troupes, il a aussi promis un effort budgétaire "inédit et incomparable". Dans le détail, c'est une augmentation du budget de la Défense de 1,8 milliard d'euros dès 2018, pour atteindre 34,2 milliards. Avec pour objectif d'atteindre les 50 milliards, soit 2% du PIB (au lieu de 1,77% actuellement), d'ici à 2025.
Le desserrage des cordons de la bourse s'est, certes, accompagné d'avertissements. "Chaque dépense sera évaluée à l'aune de son utilité opérationnelle", a prévenu Emmanuel Macron, réclamant "la plus grande exigence collective" de la part des Armées. Mais quoi qu'il en soit, le geste est là. Et il est de nature à dégeler quelque peu l'ambiance glaciale entre l'exécutif et les troupes.
Dégel. En juillet dernier, la confirmation d'une coupe de 850 millions d'euros décidée sous le quinquennat précédent avait jeté un froid, provoquant une succession de déclarations chocs qui avaient abouti à la démission fracassante du chef d'état-major, le général Pierre de Villiers. Ce dernier a, depuis, sorti un livre, Servir (éd. Fayard) dans lequel il raconte les coulisses de son départ. Un petit carton en librairie, avec plus de 120.000 exemplaires vendus fin décembre, selon L'Équipe. Pour Emmanuel Macron, il était donc indispensable d'apaiser les relations avec la Grande Muette.
Outre des efforts budgétaires, le président a tenu à rassurer sur ses intentions et sa capacité à tenir ses promesses. Ainsi, le service national universel "sera mené à son terme, entrera à bon port", a martelé le chef de l'État. Des moyens supplémentaires seront également débloqués pour renforcer le renseignement militaire et les "capacités de cyberdéfense". Enfin, Emmanuel Macron a évoqué le "renouvellement" de la dissuasion nucléaire.