On les appelle les EHS ou les électrohypersensibles. Jusqu'à jeudi, ces intolérants aux ondes - qui représentent 3% de la population selon les associations - sont réunis à Saint-Julien-en-Beauchêne, dans les Hautes-Alpes, pour leur premier rassemblement international.
"Une vraie souffrance". Sur le chemin qui mène à la forêt domaniale de Durbon, les panneaux demandent expressément aux visiteurs d'éteindre leurs téléphones portables. Dans cette commune des Hautes-Alpes, les malades des ondes se sentent à l'abri dans cette zone à très faible rayonnement électromagnétique. Car les électrohypersensibles attribuent aux champs électromagnétiques émis par les portables, les antennes-relais ou encore réseaux Wi-Fi un certain nombre de douleurs. "C'est comme si j'avais un tournevis dans la tête. C'est une vraie souffrance, par moment une torture", décrit une EHS. "J'en suis arrivée à penser au suicide. Non pas parce que j'ai une maladie psychiatrique. Mais parce que ce que je vis est un calvaire", confie une autre malade des ondes.
"Je vis un calvaire" :
Pas d'effet sanitaire avéré. Reste qu'aujourd'hui, l'hypersensibilité de personnes aux champs électromagnétiques n'est pas reconnue comme une maladie en tant que telle. Dans un rapport rendu en octobre 2013, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a estimé que le risque d'exposition aux ondes électromagnétiques pouvait provoquer des modifications biologiques dans le corps, mais que les données scientifiques disponibles à ce jour ne montraient pas "d'effet avéré" sur la santé.
Une oasis sans onde. Les électrohypersensibles vont profiter de leur rassemblement pour demander une nouvelle fois la création de la première zone blanche "officielle" de France, une terre vierge de toute onde. Saint-Julien-en-Beauchêne, où sont réunis les électrohypersensibles jusqu'à dimanche, pourrait ainsi devenir le premier centre d'accueil pour les malades des ondes. "Si on avait des petits oasis où se réfugier plutôt que de vivre dans des caves, des grottes, des bois ou des appartements blindés, ça sauverait des vies", conclut Philippe Tribaudeau, président de l'Association "Une terre pour les ESH".