Décidément, rien ne s'arrange à la prison des Baumettes. Un mois après l'affaire des colis projetés, la situation est loin de s'améliorer. Les armes blanches circulent dans la prison en toute impunité, les bagarres se multiplient et les locaux sont toujours aussi vétustes et délabrés. Les syndicats du personnel pénitentiaire lancent donc un cri d'alarme pour que des efforts soient véritablement mis en place pour endiguer la violence dans la prison marseillaise.
>> Europe 1 est allée à la rencontre des personnels et des proches des détenus incarcérés aux Baumettes.
Privés de douche pendant un mois. La violence, elle se ressent déjà devant les portes des Baumettes : les parloirs ont du retard, les familles sont à cran et il manque une soixantaine de surveillants. Impossible, donc, dans ces conditions, d'effectuer toutes les tâches, comme assurer les douches et les promenades des détenus, qui en sont privés parfois pendant un mois.
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"C'était une boucherie". Plus grave : les armes blanches n'ont jamais autant circulé, selon le secrétaire des surveillants CGT. "On a frôlé la catastrophe avec un règlement de comptes dans une douche un matin. Il y a eu trois blessés, dont deux graves qui auraient pu y rester. C'était une boucherie. Il y avait du sang de partout. C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu de mort du côté des détenus, ou des personnels. Alors, on attend quoi pour réagir ?", interroge le syndicaliste. "Tous les jours des détenus viennent nous voir pour nous dire qu'il y a des couteaux partout. C'est une cocotte minute et ça va exploser", s'alarme-t-il.
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"On sort de là, on est détruit". La prison des Baumettes c'est aussi 1.900 détenus pour 1.300 places, dans l'une des prisons les plus vétustes de France. Jacques et Martine, qui reviennent du parloir où ils ont vu leur fils, sont sous le choc. "On se désinfecte quand on rentre à la maison tellement c'est dégueulasse. Les parloirs, tout est dégueulasse. On est des bêtes. Notre fils est en insécurité. Tous les jours il se passe quelque chose. Il a peur de sortir. Il n'ose même pas aller en promenade tellement c'est dangereux. Il n'ose pas aller se doucher tellement il a peur. Il se douche dans la cour. Il faut arrêter. Ce n'est pas la République c'est la loi du plus fort, c'est des animaux. On sort de là, on est détruit", commente le père de famille au micro d'Europe 1.
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Les surveillants l'admettent, les missions de réinsertion des détenus ne sont plus des priorités. L'urgence, d'après les syndicats est d'organiser une fouille générale.