L'Allocation aux adultes handicapés (AAH), versée à plus de 1,1 million de personnes, bénéficiera ce jeudi d'un coup de pouce de 5%, pour atteindre 860 euros mensuels pour une personne seule, mais l'association APF France Handicap dénonce une mesure en demi-teinte, dont sont exclus certains allocataires en couple.
"Ses effets sont grignotés par d'autres mesures". Versée sous conditions de ressources aux personnes handicapées de plus de 20 ans et n'ayant pas encore l'âge de la retraite, l'AAH est portée à partir du 1er novembre à 860 euros par mois pour une personne seule - contre 819 euros jusqu'à présent -, selon un projet de décret qui doit paraître dans les prochains jours au Journal officiel. Ce montant doit ensuite être porté à 900 euros fin 2019, conformément à un engagement de campagne d'Emmanuel Macron. "Nous ne nions pas la réalité de cette augmentation, mais elle n'est pas aussi exceptionnelle que ce qui nous avait été promis, car ses effets sont grignotés par d'autres mesures", a dit à l'AFP Véronique Bustreel, en charge du dossier "ressources" à l'APF.
80.000 allocataires ne bénéficieront pas du tout de l'augmentation. Le principal problème, selon l'association, est que la revalorisation - qui ne sera effective pour les bénéficiaires que lors du versement de décembre - s'accompagne d'une redéfinition des plafonds de ressources applicables aux allocataires de l'AAH qui vivent en couple, c'est-à-dire environ 250.000 personnes sur les 1,129 million concernées. A partir de jeudi, ce plafond est de 1,89 fois le montant de l'AAH, au lieu de deux fois l'AAH jusqu'à présent, si bien que 80.000 allocataires ne bénéficieront pas du tout de l'augmentation, et 150.000 seulement partiellement, selon Véronique Bustreel.
Pas de coup de pouce au printemps. L'APF critique également le fait que, entre les deux augmentations exceptionnelles prévues cette semaine et dans un an, il n'y aura aucun coup de pouce supplémentaire pour l'AAH le 1er avril prochain - alors que, ces dernières années, l'allocation augmentait chaque printemps d'au moins 1%. Et au 1er avril 2020, la hausse prévue ne sera que de 0,3%.
La réforme du complément de ressource passe mal. En outre, le gouvernement a décidé de réformer progressivement le "complément de ressource" (CR) de 179,31 euros par mois, versé en plus de l'AAH à quelque 70.000 personnes très lourdement handicapées, et donc exclues de facto du marché du travail. Les personnes demandant à bénéficier pour la première fois de cette prestation se verront octroyer à la place une autre allocation, moins favorable (la "majoration pour la vie autonome", ou MVA, de 104,77 euros par mois), tandis que celles qui le touchent déjà actuellement continueront à la percevoir, mais seulement pendant 10 ans, après quoi la MVA remplacera totalement le CR. Mais les critères d'attribution du CR et de la MVA étant différents, on estime que "7 à 10.000 personnes perdront le CR mais n'auront pas droit à la MVA", et perdront donc près de 180 euros par mois, selon Véronique Bustreel.