"Vous avez raison de crier votre colère, je suis là pour l'entendre". À La Réunion, où le mouvement des "gilets jaunes" a paralysé l'île et déclenché d'inquiétantes violences urbaines ces derniers jours, Annick Girardin a prôné le dialogue, dès son arrivée mercredi matin.
Une première série de mesures annoncée. La ministre des Outre-mer avait pourtant prévenu : "Je n'ai pas de baguette magique". Mais devant la colère des habitants, leur souffrance, elle a voulu ébaucher dès mercredi soir une première réponse aux problèmes : création de 1.500 nouvelles places de crèches, de quinze nouveaux centres sociaux de proximité, de cinq "points conseil budget" pour accompagner les familles, d'un programme "pour permettre de baisser le prix des produits alimentaires pour les tout petits, comme le lait maternisé", ou encore des "petits déjeuners offerts" dans les écoles "là où les enfants viennent le ventre vide le matin".
Ces mesures s'ajoutent à celles déjà annoncées par le gouvernement, qui prendront effet dès le 1er janvier 2019 : suppression progressive de la taxe d'habitation pour 80% des foyers, revalorisation de 365 euros net par an de la prime d'activité pour les 60.000 Réunionnais qui en bénéficient, minimum vieillesse porté à 900 euros par mois. Et de formuler une demande, en contrepartie : la levée des blocages sur l'île.
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"Le mouvement n'est pas sans conséquence", a-t-elle ainsi rappelé aux "gilets jaunes". "Je pense notamment aux 465 entreprises qui ont déjà demandé le bénéfice du chômage partiel pour plus de 6.000 de leurs salariés. La responsabilité de tous, c'est que la vie puisse reprendre le plus vite possible à la Réunion", a-t-elle encore exhorté, depuis la préfecture.
Les "gilets jaunes" pas convaincus. À l'extérieur, les "gilets jaunes" se comptaient sur les doigts de la main, alors qu'ils étaient plusieurs centaines dans l'après-midi. Ceux qui sont restés estiment que ces premières mesures ne répondent pas à leurs revendications. "À 12.000 kilomètres de la Réunion, elle avait déjà les réponses à toutes nos questions. Elle ne nous a pas écoutés", déplore l'un d'entre eux au micro d'Europe 1. "Ça fait déjà onze jours que nous sommes dans la rue et que la tension monte. On nous a donné des miettes, mais le peuple réunionnais ne se contentera pas des miettes", avertit un autre.
Alors que la ministre des Outre-mer a prévu d'autres séries de mesures, notamment sur l'emploi, plusieurs "gilets jaunes" ont déjà prévenu : les blocages vont se poursuivre.