Quatre des sept grévistes de la faim de l'hôpital psychiatrique de Rouen ont été hospitalisés depuis lundi "avec un caractère d'urgence" alors que le mouvement atteint son 15e jour, selon l'intersyndicale. Après ces hospitalisations, il reste quatre grévistes de faim, car un des grévistes hospitalisés lundi est finalement sorti du CHU mardi.
"13 à 14%" de perte de masse corporelle. "Jean-Yves Herment, âgé de 40 ans, a perdu entre 13 et 14% de sa masse corporelle, soit bien au-delà de la limite critique de 10%. Il était déshydraté et très faible. Le Samu l'a évacué (lundi) matin, sur une civière, vers un service spécialisé du CHU de Rouen", avait détaillé Sébastien Ascoet, délégué syndical CGT. Jean-Yves Herment a pu sortir du CHU mardi : "Il est en petite forme mais ça va mieux pour lui", a ajouté Sébastien Ascoet.
Un deuxième gréviste de la faim, âgé d'une trentaine d'années, a été également évacué en fin de matinée lundi et une femme de 40 ans "dans une situation très préoccupante" l'a été dans l'après-midi, a ajouté Sébastien Ascoet. Selon lui, les pronostics vitaux de ces deux personnes ne sont pas engagés mais ces salariés "présentent des risques de séquelles irréversibles".
Un quatrième gréviste a été hospitalisé mardi. Ce dernier "a une quarantaine d'années. Il est parti dans un état critique, sur une civière, n'étant plus en état de se déplacer par ses propres moyens. Il en était à son 15e jour de grève. Il a perdu plus de 10% de sa masse corporelle initiale", a indiqué Sébastien Ascoet.
"Surpopulation chronique". La grève de la faim entamée le 21 mai par quatre personnes, rejointes progressivement par quatre autres, vise à obtenir la création de 52 postes d'aides-soignants et d'infirmiers. Les grévistes de cet hôpital dit "du Rouvray", situé à Sotteville-lès-Rouen, dans la banlieue de Rouen, dénoncent "une surpopulation chronique" et "une dégradation des conditions de travail et d'accueil". Ils sont mobilisés à travers différentes actions depuis le 22 mars. Une cinquantaine de grévistes ont occupé les locaux de la direction de jeudi soir à dimanche soir, selon l'intersyndicale. La CGT a par ailleurs affirmé que 600 à 800 personnes se sont rassemblées lundi soir devant la mairie de Rouen pour une marche de soutien aux grévistes de la faim et au personnel de l'hôpital.
Embauche de cinq contractuels. Le 24 mai, la direction avait estimé qu'il n'y avait "plus de suroccupation dans l'établissement à la suite d'un ensemble d'actions mises en place le 15 avril". La direction avait notamment annoncé l'embauche de cinq contractuels, un chiffre jugé "ridicule" par les syndicats. "La comparaison des ressources d'assurance maladie par habitant montre un positionnement du centre hospitalier du Rouvray au-delà de la moyenne nationale et de la moyenne régionale", avait aussi affirmé la direction.
Le nombre d'hospitalisations a augmenté de 8,4% entre 2014 et 2016, selon les données du dernier rapport d'activité de l'établissement. Entre 2014 et 2016, les effectifs en équivalent temps plein n'ont progressé que de 0,5%, passant de 1.941 à 1.951.