Les États membres de l'UE, réunis au sein d'un comité d'appel, ont voté lundi en faveur d'une nouvelle autorisation pour cinq ans de l'herbicide controversé glyphosate, a annoncé la Commission européenne, ce qui constitue une surprise.
Dix-huit pays ont voté en faveur de la proposition de l'exécutif européen, représentant à peine plus des 65% de la population de l'UE nécessaires. Neuf s'y sont opposés, dont la France, et un pays s'est abstenu, ce qui a permis d'atteindre la majorité qualifiée requise, contrairement à un premier vote début novembre.
La volte-face de l'Allemagne, qui a voté en faveur d'une nouvelle autorisation. L'Allemagne, qui s'était abstenue au tour précédent, a voté pour, après avoir demandé des modifications au texte proposé, en lien avec des restrictions sur l'usage privé du glyphosate et le respect de la biodiversité, selon une source proche du dossier. Ce changement dans la position de l'Allemagne, poids lourd démographique, a contribué à faire pencher la balance en faveur d'une nouvelle autorisation.
L'autorisation actuelle expire le 15 décembre. "Le vote d'aujourd'hui montre que, quand nous voulons, nous pouvons partager et accepter notre responsabilité collective dans la prise de décision", a réagi le commissaire européen à la Santé Vytenis Andriukaitis, cité dans un communiqué.
Today's vote shows that when we all want and put effort in it, we are able to accept and to share our collective responsibility in decision making.#glyphosate
— Vytenis Andriukaitis (@V_Andriukaitis) 27 novembre 2017
La Commission va maintenant adopter une décision avant que l'autorisation actuelle n'expire le 15 décembre. Si le vote en appel de lundi avait aussi enregistré une impasse, c'est l'exécutif européen qui aurait dû trancher.
Des ONG se disent "scandalisées". En autorisant pour cinq ans de plus le glyphosate, l'Union européenne a "balayé le principe de précaution et la santé du revers de la main", ont dénoncé lundi Générations Futures, Foodwatch et la Ligue contre le cancer, "scandalisées" et appelant le gouvernement français à agir de son côté. "Tout convergeait vers une interdiction : la pression des citoyens qui réclamaient la sortie du glyphosate, de nombreuses organisations, dont des associations d'anciens agriculteurs malades, des députés français et européens, le scandale des 'Monsanto papers', la polémique autour de l'évaluation scientifique... Cela n'aura pas suffi", regrettent ces associations.