Il existe 571 bidonvilles en France, dans lesquels vivent 16.000 personnes, selon les derniers chiffres du gouvernement. Mais cet hiver, les bidonvilles seront, pour la première fois, également concernés par la trêve hivernale, qui interdit d'expulser quiconque de son logement de fin octobre à fin mars. À dix jours du début de la trêve, c'est donc la course aux démantèlement des campements et bidonvilles.
"Une accélération vraiment inquiétante." En une matinée, jeudi, trois campements ont été démantelés dans le département de l'Essonne. Depuis le mois de juillet, ce sont pas moins de 4.600 personnes qui ont été évacuées dans tout le pays. Du jamais vu depuis deux ans. "Les préfets ont bien compris que pendant la trêve hivernale, ils ne pourront plus expulser les personnes qui vivent en bidonville. Il y a une accélération vraiment inquiétante, sans solution de relogement", s'alarme Manon Fillonneau, du collectif RomEurope.
Pas de relogement donc, ou alors trois nuits d'hôtel, dans des communes parfois éloignées. Kostyn dit sa "tristesse", sa "souffrance" et sa "colère". Il se retrouve loin de l'entreprise en bâtiment qui l'emploie, loin de l'école où sa fille vient d'être acceptée cette semaine.
"On devient des rats ?" À l'association Intermèdes Robinson, Iasmina dénonce les tentatives d'insertion ruinées. Elle a connu trois évacuations : "On se dit : 'Où on va ? Qu'est-ce qu'on fait avec les enfants ?' On s'est battu des mois pour les faire inscrire à l'école. Pas d'école, plus de maison. Les hôtels c'est bien pour trois jours, mais après, on va où ? Qu'est-ce qu'on va manger ? Qu'est-ce qu'on devient ? On devient des rats ? Ça, personne ne se pose la question."
Le gouvernement assure de son côté avoir hébergé 3.600 personnes après des évacuations l'an passé. Sauf que le nombre de personnes vivant dans des bidonvilles a continué d'augmenter, signe du retour systématique à la rue.