Les enfants confrontés à des images pornographiques le sont de plus en plus par le biais des sites de vidéos en ligne. C'est le constat du sondage réalisé par OpinionWay* pour l'association Ennocence, qui milite contre les risques d'exposition des enfants à la pornographie en ligne, et révélé mercredi par L'Obs.
Cette étude dévoile qu'un enfant a en moyenne 11 ans quand il est exposé pour la première fois à de la pornographie. Par ailleurs, 14% des 9-16 ans se sont déjà retrouvés sur des sites pour adultes sans le vouloir. Et parmi les 15-16 ans, 36% reconnaissent s'être déjà retrouvés dans cette situation.
Dans une étude menée en 2016 sur 8.772 jeunes, 42% des filles et 32% des garçons de 11 à 14 ans disaient être déjà "tombés sur des contenus qui les ont choqués", essentiellement pornographiques, rapporte l'association Génération Numérique. Et pour 84% des filles et 71% des garçons de cette tranche d'âge, ils n'avaient pas volontairement regardé ces contenus.
Du streaming de dessins animés aux images pornos… La faute en incomberait essentiellement aux sites de vidéos en streaming. D'après Médiamétrie, 15 millions d'internautes regardent régulièrement des vidéos directement en ligne puisque ce système de "streaming" évite d'avoir à télécharger le film ou la série sur son ordinateur. 55% des parents estiment que leurs enfants regardent des vidéos sur ces sites. Et pour 33% d'entre eux, au moins une fois par semaine. La pratique est notamment courante chez les enfants friands de dessins animés.
" Les sites de streaming et de téléchargements illégaux sont la porte d'entrée principale à une exposition non souhaitée des enfants à la pornographie "
C'est dans ce cas de figure que le risque d'exposition à des images pornographiques est le plus important. "Les sites de streaming et de téléchargements illégaux sont la porte d'entrée principale à une exposition non souhaitée des enfants à la pornographie", explique l'association Ennocence. Et ce, d'autant plus que la majorité des enfants sont laissés seuls face à leur ordinateur et que seuls 47% des parents assurent surveiller systématiquement les contenus vidéos que regardent leurs enfants.
De nombreuses fenêtres pop-up. Lorsqu'un utilisateur cherche à regarder une vidéo, il ne peut souvent y accéder qu'après avoir visionné plusieurs fenêtres "pop-up", qui s'ouvrent seules sur l'écran. Le président de l'association Ennocence, Gordon Choisel, en a lui-même fait l'expérience, qu'il raconte au Parisien : une première fenêtre promettant le gain d'un smartphone s'ouvre, puis une deuxième pour un abonnement à un site de téléchargement, une troisième propose des rencontres avec des femmes "mûres" et enfin une dernière fenêtre s'ouvre avec une courte vidéo très explicite…
Des sites difficiles à contrer. Malgré ce constat, il reste difficile d'endiguer le phénomène des publicités pornographiques, car ces sites de visionnage et de téléchargements illégaux qui les abritent sont le plus souvent hébergés à l'étranger et changent souvent d'adresse et de statut juridique. "Nous allons tenter de couper leurs rentrées financières en attaquant prochainement en justice l'une des régies publicitaires qui jouent les entremetteuses" entre les sites de streaming illégal et les créateurs de publicités pornographiques, explique Gordon Choisel au Parisien. Une stratégie qu'ils ont sans aucun doute exposée à Axelle Lemaire, secrétaire d'État chargée du Numérique, qui a reçu l'association jeudi.
*Étude réalisée sur 602 parents d'enfants de moins de 18 ans issus d'un échantillon de 2.107 personnes représentatif, selon la méthode des quotas par le biais d'interviews réalisées entre le 20 et le 21 novembre 2016.