Des réformes au pas de charge. Après les ordonnances sur le code du travail, adoptées mi-septembre, le gouvernement entame mardi le chantier de la formation professionnelle, avec la consultation des partenaires sociaux par le Premier ministre Édouard Philippe, la ministre du Travail Muriel Pénicaud et le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer. Avant les premiers rendez-vous avec les syndicats, plusieurs axes se dégagent de la réforme voulue par le gouvernement.
Davantage d’autonomie pour les actifs. Le premier objectif de l’exécutif est de favoriser l’autonomie des individus dans leur formation, tout au long de leur carrière. Une idée incarnée par le Compte personnel de formation (CPF), lancé en 2015. Mais l’outil, qui permet à un salarié d’engranger jusqu'à 150 heures de formation mobilisables même pendant ses périodes de chômage, dispose d’une place "fragile" dans le système, selon l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Pour l'heure, le dispositif "n'a pas modifié la donne en matière de formation professionnelle", estime un rapport. Sur 18 millions de Français concernés par ce compte, à peine 1% y a recours, relève le JDD.
Mais en transférant progressivement les contributions des entreprises vers le CPF, le gouvernement ne devrait pas s’attirer que des louanges. "Le gouvernement aurait tort de laisser les personnes se débrouiller seules avec leur compte personnel de formation. Il faut continuer à les accompagner en développant davantage le conseil en évolution professionnelle", prévient Laurent Berger auprès du Figaro, lundi. À l’heure actuelle, ce sont en effet des organismes paritaires chargés de collecter une partie des contributions, les Opca, qui s’occupent majoritairement de la formation professionnelle en France.
Une offre de formation opaque. Le deuxième défi de la réforme concerne la clarté des offres de formations. Aujourd’hui, on compte environ 97.000 organismes privés, mais seulement 8.000 prestataires se partagent 95% du marché. Très peu contrôlées, ces sociétés se créent très facilement, sans exigence de résultats. Le gouvernement pourrait annoncer un durcissement des critères s’appliquant à ces formations plus ou moins sérieuses. Concrètement, des labels seraient décernés et des taux d’insertion demandés à ces structures, contribuant à assainir un secteur devenu trop obscur, selon les observateurs.
Une meilleure situation pour les chômeurs et les travailleurs peu qualifiés ? Troisième grande ligne de la réforme, la volonté d’Emmanuel Macron de rééquilibrer les droits à la formation en faveur des plus modestes va se confronter à la réalité d’une situation inéquitable. Actuellement, le système favorise déjà les plus qualifiés, comme les cadres, qui suivent à 68% une formation chaque année, contre 37% pour les ouvriers. "Nous formerons un million de jeunes peu qualifiés éloignés de l’emploi. Nous formerons un million de chômeurs de longue durée faiblement qualifiés", annonçait le programme du candidat à la présidentielle. Le gouvernement cherche maintenant les moyens de parvenir à ce cap.