Pas totalement surpris mais sonnés, les ouvriers de l'usine Ford de Blanquefort, en Gironde, quittent leur lieu de travail la mâchoire serrée. En cause, l'annonce par le constructeur américain de ne plus investir dans le lieu de production, qui compte 1.000 salariés.
"Se recaser à 50 ans, c'est impossible". "Se recaser dans une autre autre entreprise, c'est impossible, surtout à 50 ans", déplore Pierre, qui travaille ici depuis 27 ans. "Le mieux serait d'avoir un vrai projet pour cette usine." Privé de la production d'une nouvelle boîte de transmission, le site est plus que jamais en sursis.
"On n'a pas de visibilité pour 2019. Vu que de l'argent public a été investi, Ford n'a pas une totale légitimité à arrêter. Ça ne se fera pas comme ça", prévient Jean-Marc Chavant, délégué FO. Le constructeur a en effet des obligations et "ne peut pas se libérer de toutes ses responsabilités. La loi prévoit qu'en cas de cessation d'activité, l'entreprise a l'obligation de trouver un repreneur", insiste le maire de Bordeaux et président de la communauté d'agglomération, Alain Juppé.
Une fermeture du site évitée en 2009 et 2013. Ce n'est pas la première fois que Ford Blanquefort est en sursis. Déjà, en 2009 et 2013, la fermeture avait été envisagée et il avait fallu un accord-cadre avec l'État il y a cinq ans pour prolonger l'emploi jusqu'en 2018. Une convention qui arrive à échéance cette année. "Quand nous avions signé l'accord en 2013, nous savions que la menace reviendrait en 2018. C'est vrai qu'on est toujours dans l'urgence", constate Philippe Poutou, ancien candidat à la présidentielle et élu CGT du site, auprès du site du JDD. "(…) Mais Ford a près de 40 véhicules à lancer. Nous demandons juste qu'un bout de cette production planétaire soit fait sur l'usine de Blanquefort."
Le Maire va consulter syndicats et collectivités. Un espoir douché par les responsables de Ford Europe, venus en Gironde annoncer que "la fabrication de la nouvelle transmission 8 vitesses à FAI n'était pas économiquement viable". Le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, qui a déjà pressé le constructeur américain de "garantir la pérennité" du site de production, va recevoir "dans les prochains jours" les représentants des syndicats et des collectivités locales pour tenter de trouver une solution.