"Mon objectif est de produire moi-même toute l’alimentation des animaux, pour ne pas dépendre des aléas, ou de la conjoncture internationale." Emmanuel, éleveur de vaches dans l’Orne, a décidé de se tourner vers le bio. Il en est à la première année du processus de conversion : l’adaptation.
Des prix stables et plus élevés. Pour passer au bio, Emmanuel va devoir acheter de nouvelles vaches afin que sa production lui rapporte assez. L’an prochain, il espère réaliser 3.000 euros de bénéfice grâce au prix de son lait bio, plus élevé. "Le producteur bio ne se demande pas si le prix du lait va encore baisser le mois prochain, alors qu’en conventionnel, on a une dégringolade systématique", analyse Gaël Avenel, de l’association Agribio.
Une conversion de masse. En pleine crise agricole, l’argument convainc de plus en plus de producteurs. "C’est du jamais vu", pour Gaël Avenel. Il dénombre 150 convertis en 2015, rien que pour la région Basse-Normandie. "Ça se traduit par un ou deux appels en moyenne par jour, pour des rencontres, des diagnostics de conversion."
Un marché à investir pour les producteurs français. Entre achat de nouvelles machines et de produits naturels, l’alternative a un coût : entre 50.000 et 150.000 euros d’investissement, pour une transition qui dure de deux à cinq ans. Mais les convertis peuvent espérer améliorer leur situation économique : faute de producteurs, la France importe pour l’instant 25% de ses produits biologiques.