Marco Mouly, condamné à huit ans de prison à Paris pour une escroquerie à la TVA sur le marché des quotas d'émission de CO2 à 283 millions d'euros, a été arrêté mardi en Suisse, a-t-on appris mercredi auprès de l'un de ses avocats, Me Philippe Ohayon.
En cavale depuis plus de quatre mois. Après s'être présenté à toutes les audiences lors de son procès, il n'était pas venu pour le délibéré, prononcé le 7 juillet. Outre les huit ans d'emprisonnement, la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris l'a condamné à un million d'euros d'amende, et, solidairement avec les autres principaux prévenus, à verser 283 millions d'euros de dommages et intérêts à l'État.
Du fait de son absence, le tribunal avait délivré un mandat d'arrêt contre lui. Pendant sa cavale, Marco Mouly, 51 ans, avait accordé une interview à L'Obs. "Quand on met des peines d'une sévérité extrême, il ne faut pas s'étonner que certains prennent la fuite", a déclaré l'un de ses avocats, Me Philippe Ohayon. "Nous examinerons avec la plus grande attention les éventuelles procédures d'extradition", a-t-il ajouté.
Le prévenu se présentait comme "le plus grand mytho" de la Terre. Marco Mouly, qui a grandi à Paris dans le quartier populaire de Belleville, avait marqué l'audience par son verbe haut, se définissant notamment comme "le plus grand mytho que la Terre a créé" et "tellement bon commercial qu'à chaque fois il y a des problèmes".
Parmi ses co-prévenus figurait le financier Arnaud Mimran, condamné à la même peine et incarcéré depuis le 7 juillet, tout comme le courtier polonais Jarolsaw Klapucki, condamné à sept ans de prison et un million d'euros d'amende. Les 14 prévenus dans ce dossier doivent être rejugés par la cour d'appel de Paris à partir du 18 avril, selon une source judiciaire.
Une fraude d'une ampleur considérable. L'escroquerie consistait à acheter des quotas d'émission de CO2 hors taxe dans un pays étranger, avant de les revendre en France à un prix incluant la TVA, puis d'investir les fonds dans une nouvelle opération. La TVA, elle, n'était jamais reversée à l'État.
Devant l'ampleur de la fraude, les opérations ont été exonérées de TVA en juin 2009 en France. Condamné à cinq ans de prison et 65 millions d'euros de dommages et intérêts dans une affaire étroitement liée à celle-ci, Michel Keslassy, a été arrêté fin octobre.