Ségolène Royal l'affirme : c'est fait et irréversible, la centrale de Fessenheim va fermer. En annonçant la publication d'un décret au Journal officiel dimanche, le ministre de l'Environnement atteste que le processus sera enclenché. Mais est-ce vraiment le cas ?
Le destin de Fessenheim lié à celui de Flamanville. La fermeture de la centrale de Fessenheim n'est pas encore certaine. Et le décret pris par Ségolène Royal n'y change rien parce que la ministre ne fait que reprendre la décision du conseil d’administration d'EDF de la semaine dernière. La direction y a déclaré qu'il était urgent d'attendre avant de prendre une décision irréversible.
En effet, la direction d'EDF a affirmé que la procédure de fermeture de Fessenheim sera enclenchée uniquement six mois avant la mise en service de l'EPR de Flamanville, dans la Manche, prévue fin 2018. Et pour cela, il faudra que la direction d'EDF fasse une demande formelle de fermeture à son ministre, comme le prévoit la loi de transition énergétique de Ségolène Royal. Ce n'est qu’à ce moment-là que la décision de fermeture sera irréversible.
Une opération de communication ? D'autre part, cette fermeture sera demandée uniquement si le reste du parc de centrales nucléaires n’est pas trop à l'arrêt. Face à ces nombreuses conditions, certains syndicalistes d'EDF comme la déléguée CGT, Marie-Claire Cailletaux, clament que le décret de Ségolène Royal n'est qu'une opération de communication. "Il s'agit d'une grosse opération de communication et d'esbroufe de la part de Mme Royal, c'est pitoyable. Est-ce qu'elle n'a pas accepté le camouflet que lui a infligé le conseil d'administration sous la pression des salariés ? Elle pense que les gens ne vont pas vérifier à la source ce qu'il y a dans le décret, mais il n'y a rien qui peut signifier que la demande d'abrogation de Fessenheim soit effective."
Une seule fermeture prévue. Mais si toutes les conditions sont remplies, si tout le parc ou presque est en service normalement à l’entrée en fonctionnement de Flamanville, c'est bien Fessenheim qui sera fermée. D'après les informations recueillies par Europe 1 dans l'entourage de la direction d'EDF, il n'y aucun autre plan de fermeture de centrale que celui de Fessenheim.
Un décret qui peut toujours être annulé. En revanche, ce décret de fermeture peut toujours être annulé par le prochain gouvernement. Il faudrait juste changer la loi de transition énergétique pour enlever le plafond de capacité nucléaire prévu qui oblige à la fermeture de Fessenheim.
On sait déjà que Marine Le Pen et François Fillon sont opposés à la fermeture de la plus vieille centrale française. À l'inverse, Emmanuel Macron assure qu'il mènera le processus à son terme. Jean-Luc Mélenchon qui veut sortir du nucléaire est aussi favorable à cette fermeture.