Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot défend la volonté du gouvernement français d'interdire à terme le désherbant controversé glyphosate, prônant "une agriculture qui soit intensive en emploi plutôt qu'en engrais et produits phytosanitaires". Dans une interview au quotidien Ouest France à paraître samedi, l'ancien animateur de l'émission Ushuaïa dit que "la justice et l'Histoire nous rattraperont" si rien n'est fait pour remédier au problème phytosanitaire. "Au prétexte que c'est compliqué, doit-on continuer à mettre le sujet sous la table ?", demande-t-il.
Ne pas être "spectateur". Nicolas Hulot n'a pas hésité à aller vendredi sur les Champs Elysées à la rencontre de 200 agriculteurs en colère, dont il est pour certains la bête noire, pour défendre ses positions. "Il faut sortir du piège de la confrontation dogmatique - d'où ma rencontre avec les agriculteurs sur les Champs-Élysées - et passer de l'émotion à la raison. En d'autres temps, j'ai entendu les mêmes controverses, par exemple sur l'amiante. Et on a assisté à des tragédies, en spectateurs", dit-il. "Contre le glyphosate et son rôle de perturbateur endocrinien, et peut-être d'antibiotique surpuissant, il y a un faisceau de présomptions qui justifie d'appliquer le principe de précaution", affirme-t-il.
"Parcours de sortie le plus rapide possible". Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a suggéré que la France propose de prolonger de "cinq à sept ans" l'autorisation de l'usage du glyphosate au sein de l'Union européenne, au lieu des dix ans souhaités par la Commission. "Nous devons nous inscrire dans un parcours de sortie le plus rapide possible des produits les plus dangereux. Sans contrainte, il n'y aura pas de créativité pour trouver des alternatives", dit Nicolas Hulot, assurant que Paris n'entend pas "adopter de mesure brutale à l'égard des agriculteurs". Selon lui, "nombre d'agriculteurs désherbent sans glyphosate tout en s'abstenant de labourer, ce qui est souhaitable pour les sols", des pratiques qui, reconnaît-il, "demandent plus de travail".
Rencontre avec la FNSEA. Nicolas Hulot, qui doit rencontrer la présidente de la FNSEA Christiane Lambert lundi, assure n'être "pas l'ennemi des agriculteurs conventionnels". "On doit créer une agriculture qui soit intensive en emploi plutôt qu'en engrais et produits phytosanitaires", dit-il.