Amazon, Tripadvisor, Facebook, Google+... mieux vaut ne pas se fier aux commentaires de ces géants d'internet. Selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), en 2013, 45% des avis de consommateurs présentaient des "anomalies". Et en 2014, sur 120 sites contrôlés, au moins un commentaire sur trois est suspect. De l'avis des cyberdétectives, le phénomène est exponentiel et ces faux avis sont de plus en plus perfectionnés.
Les trois avis payés 5 euros. Vous voulez donner un coup de pouce à l'image de votre établissement ? Rien de plus simple puisqu'il suffit de se connecter sur les sites de microtravail. Des particuliers y proposent leur service dans toutes les langues.
Pierre, cheminot de profession, a commencé il y a 4 mois. À 5 euros les trois avis, ils commente tout et n’importe quoi. "J'ai publié sur des pages Facebook pour faire la promotion d'un livre que je n'avais pas lu, pour une entreprise, sur un sèche-cheveux", explique-t-il au micro d'Europe 1. Il a aussi fait la promotion d'un groupe de musique et écrit sur la page Facebook d'un particulier qui voulait des commentaires sur son profil. "J'ai écrit simplement que c'était une bonne marque, que je l'avais depuis plus d'un an et qu'il fonctionnait parfaitement pour gagner 5-20 euros en une vingtaine de minutes", ajoute-t-il.
Des fautes d'orthographe pour faire plus crédible. Avant, l’hôtelier rédigeait lui-même ses compliments. Aujourd'hui, les agences de réputations en ligne ont pris les choses en main et certaines n’hésitent pas à sous-traiter les faux commentaires jusqu’en Asie. Selon Andreas Munzel, chercheur à l’université de Toulouse, tout est fait pour qu'ils aient l'air authentique. "Il y a vraiment une adaptation des lignes de rédaction", relate ce spécialiste à Europe 1. Alors que les dernières études montraient que "les superlatifs sont plus utilisés dans les faux avis", désormais, ils sont "plus modérés" avec "des fautes d'orthographe et de grammaire" afin de ne plus se faire repérer.
Mettre en avant les avis positifs. Pour garder leur crédibilité les grands sites comme Amazon ou Tripadvisor traquent ces faux avis. Toute la chaîne de rédaction, de l’auteur jusqu’au bénéficiaire, risquent jusqu’à 300.000 euros d’amende et 2 ans de prison. Depuis 2010, la DGCCRF a émis 17 avertissements et rédigé 23 procès-verbaux contre des sites.
Mais même si la traque aux faux commentaires porte ses fruits, il existe d'autres moyens pour tromper le consommateur. La DGCCRF rapporte que des gestionnaires de sites peuvent modérer de manière biaisée les commentaires, en supprimant ceux qui sont négatifs par exemple ou encore en ne mettant que des avis positifs dans les avis récents.
Des avis très influents. Les particuliers, eux, sont très influencés par les commentaires. Près de 8 Français sur 10 se laissent dissuader en cas d'avis négatif selon un étude Ifop de mars 2015 et pour un quart d'entre eux, l'avis des internautes compte plus que le nombre d'étoiles d'un établissement.