L'activité économique française a connu au troisième trimestre un passage à vide, faisant craindre une éventuelle récession alors que la bataille contre l'inflation est en train d'être gagnée, selon le gouvernement. Le produit intérieur brut (PIB) s'est contracté de 0,1% entre juillet et septembre par rapport au trimestre précédent, qui avait été marqué par un rebond surprise de 0,6%, a indiqué l'Institut national de la statistique. L'Insee a ainsi révisé en baisse sa première estimation, publiée fin octobre, d'une modeste hausse de 0,1% du PIB au troisième trimestre. L'activité a été pénalisée par des investissements et une consommation des ménages moins soutenus qu'estimé précédemment.
Cela signifie que si le PIB reste en repli au quatrième trimestre, la France basculera en récession, définie comme deux trimestres consécutifs de baisse. "On n'est quand même pas loin de la récession. Il suffirait de pas grand-chose pour qu'on y tombe", a déclaré à l'AFP Stéphane Colliac, économiste chez BNP Paribas, tablant pour sa part sur une stagnation de l'activité en fin d'année. Malgré ce trou d'air, qui intervient à la veille de l'actualisation de la note financière de la France par l'agence S&P Global, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a confirmé les prévisions de croissance pour l'ensemble de 2023 (1%) et 2024 (1,4%).
Fort ralentissement de l'inflation
"Je maintiens mes prévisions de croissance, nous aurons une croissance positive en 2023 là où on nous avait prédit une récession, et nous aurons une croissance plus élevée en 2024 qu'en 2023", a-t-il déclaré sur France Inter. Il s'est félicité par ailleurs d'un fort ralentissement de l'inflation, qui a baissé à 3,4% sur un an en novembre, après 4% en octobre. Le reflux est observé tant dans l'alimentation, que dans l'énergie et les services. "Globalement, l'inflation aujourd'hui, elle est vaincue et c'est un vrai succès économique", a souligné le numéro deux du gouvernement, tout en admettant que cette médaille avait un revers.
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"Le prix à payer de l'inflation qui disparait, c'est des taux d'intérêt plus élevés, donc moins de financements pour l'économie et du coup effectivement un ralentissement économique", a-t-il expliqué, en référence au resserrement monétaire musclé effectué par la Banque centrale européenne (BCE) pour juguler la hausse des prix. Mercredi, l'OCDE a fortement réduit sa prévision de croissance pour 2024 en France, la faisant passer à 0,8% contre 1,2% en septembre, sur fond de taux d'intérêt élevés. Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit de son côté 1,3% de hausse du PIB l'an prochain, la Commission européenne 1,2% et la Banque de France 0,9%.
La consommation des ménages a moins rebondi que prévu
Dans le détail, au troisième trimestre, la progression des investissements a été revue en nette baisse par l'Insee, à 0,2% contre 1% estimé auparavant. Si les investissements des entreprises ont continué à résister (+0,5%), ceux des ménages sont passés dans le rouge (-1,1%), notamment dans la construction neuve. Très dynamique au deuxième trimestre, le commerce extérieur a également davantage contribué négativement à l'évolution du PIB (-0,4%), en raison d'importations revues en hausse. Pilier traditionnel de l'économie française, la consommation des ménages a certes rebondi de 0,6% par rapport au deuxième trimestre, mais un peu moins fortement que calculé auparavant (+0,7%).
Malgré une baisse de 0,9% des dépenses des ménages en biens en octobre, due notamment à une moindre consommation énergétique du fait de températures douces, Stéphane Colliac estime que "la consommation devrait retrouver un rythme de croissance un peu plus normal" à la faveur du recul de l'inflation et "être le premier soutien à la croissance de l'économie française à l'année prochaine".