Le gouvernement veut aller vite, très vite. Dimanche, le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, a annoncé sur RTL envisager avoir recours aux ordonnances pour faire adopter son projet de loi sur l'alimentation. Un texte rédigé au lendemain des états généraux de l'alimentation et qui a notamment suscité la "déception" de Guillaume Garot, député Nouvelle Gauche de Mayenne et président du Conseil national de l'Alimentation. "On n'est pas au rendez-vous, aujourd'hui, des attentes des producteurs et des citoyens plus généralement", estime ce responsable, interviewé mercredi par Europe 1 depuis le Salon de l'agriculture. Outre les grandes difficultés financières de nombreuses filières agricoles, il pointe "un problème de confiance des consommateurs dans leur assiette. L'enjeu est là : comment redonner du revenu et de la confiance ?"
Un projet et de nombreux vides. "Sur la question de l'alimentation, on nous avait dit [qu'il fallait] une alimentation saine et durable, beaucoup d’acteurs se sont mobilisés pour faire des propositions dans ce sens là […], mais dans la loi, aujourd’hui, force est de constater que l'on est loin du compte sur beaucoup de sujets", souligne cet ancien ministre délégué à l'Agroalimentaire, qui évoque des lacunes dans le domaine de "l'éducation à alimentation", de "la formation des professionnels" et sur "la maîtrise du foncier". Quant aux "objectifs que l'on peut se fixer en terme de qualité des produits, d'apport nutritionnel, là-dessus, on n'a rien dans le projet de loi", ajoute-t-il.
Encadrer les négociations sur les prix. Si ce texte envisage de mettre fin aux promotions à perte, rien ne garantit pour autant un prix décent au producteur, pointe encore l'élu. "C’est là-dessus qu'il va falloir travailler, avec ce que j'appelle 'des cliquets de sécurité', que l'on n'a pas dans le texte, et qu'il faudra indispensablement rajouter".
Et alors que doit s'achever mercredi les négociations commerciales annuelles entre distributeurs et producteurs, afin de fixer les tarifs de vente, Guillaume Garot considère que ces discussions doivent dorénavant être encadrées par un "gendarme", car la situation est "très tendue, très difficile, peut-être encore plus que dans les années passées", déplore-t-il, malgré les engagements pris par les différents acteurs, notamment la grande distribution. "La loi doit ordonner un cadre pour que demain le rapport de force entre producteurs, transformateurs et distributeurs soit plus équilibré dans les négociations commerciales", plaide-t-il.